Avant Karine... il y a eu Tom, Alec et Linda

À gauche, c’est Tom Skerrit. À ses côtés, Alec Baldwin : ces deux acteurs américains sont représentés sur des supports - publications internes et affiches -  édités par le Front national pendant les années 1990. Le rapport avec le tract du FN dévoilé aux « assises présidentielles » à Lyon ? La mise en avant de personnalités du monde du spectacle sans que manifestement, au moins dans un premier temps, elles ne soient au courant. Une instrumentalisation de leur image ? En ce qui concerne le tract de quatre pages « Marine présidente telle que je suis ! », il s’agit d’une capture d’écran (imprimée sur la colonne de gauche du tract) de l’émission Une ambition intime sur laquelle la présidente du FN et la présentatrice de M6, Karine Le Marchand, partagent un moment et un verre !

Karine

Après avoir pris connaissance de sa « présence » sur ce tract officiel, Karine Le Marchand considère que la photo, « issue de son émission », a « été éditée » sans son autorisation. Elle réclame qu'on la retire « immédiatement » . Le FN refuse. Il estime être dans son droit, invoquant le fait que c'est une « capture d'écran d'une émission à laquelle MLP a participé ». Manifestement, les choses s'arrangent.

Mais cela ne s'est pas toujours passé ainsi. À la fin des années quatre-vingt-dix, le FN a bien failli sombrer suite à une subtilisation d'image. Pour son affiche du 1er mai 1996, le parti reproduit le visage de Linda Evangelista (ou plutôt un dessin travaillé à partir d'une photo du mannequin) ; Frank Marest, le graphiste du FN, trouvant que la coupe de cheveux de la jeune femme « est exactement comme celle de Jeanne d’Arc ». Certes, quelques réserves se font entendre au sein du parti mais l’affiche est, tout de même, placardée dans Paris. Estimant que cette affiche est une atteinte à son image et à sa vie privée, Linda Evangelista porte l'affaire devant les tribunaux. Le FN est lourdement condamné et l’affiche - interdite - est retirée de la circulation.

Ce n'est donc pas la première fois que le parti lepéniste détourne, emprunte et/ou utilise des images et photos de ces hommes et femmes à leur insu. Cette stratégie ne montre pas seulement une récupération politique. Elle souligne la vision particulière du droit à l'image du FN.