« On ne fait que déplacer et amplifier le problème. (…) Il fallait surtout les empêcher d’entrer. (…) La place des clandestins, n'est pas dans des camps payés par les contribuables, c'est évidemment dans des charters. La solution, ça n'est pas la répartition, c'est l'expulsion ». Invité des 4 Vérités sur France 2 le 24 octobre, Nicolas Bay réagit ainsi au démantèlement de la « Jungle » de Calais. Le secrétaire général du FN poursuit sa démonstration. Selon lui, il existe une « injustice insupportable » au regard de cette situation. Les Français souffrent. Il y a « 120 000 SDF recensés, (…) des familles avec des enfants qui vivent dans leur voiture, faute de logements » alors que des clandestins sont même logés dans des « centres spacieux ». Ce n’est pas aux Français, aux plus modestes d’entre eux de payer pour les « clandestins » continue-t-il.
Nicolas Bay est coutumier de tels propos. Lors de la matinale de LCI le 10 septembre dernier, il commente l’ouverture annoncée d’un camp de réfugiés Porte de la Chapelle de ces mots : « C'est une injustice absolument scandaleuse à l'égard des Français qui vivent dans la pauvreté et la précarité. On va accorder des dizaines, et peut-être même des centaines de millions d'euros avec la construction de ces camps de migrants, pour des gens qui n'ont rien à faire sur le territoire national. Il faut être très clair. Il faut les expulser. Ce sont des clandestins, ils n'ont pas vocation à rester sur le territoire national. (...) La place des clandestins, il faut être clair, c'est dans les charters. Ce n'est pas dans des camps qui seraient construits avec l'argent public ». Et il n’est pas le premier à préconiser l'expulsion des « clandestins » par les charters. Retour vingt-cinq ans en arrière.
Mi-novembre 1991, Bruno Mégret propose une « contribution au règlement du problème de l’immigration ». Ses 50 mesures « concrètes » - présentées comme une « politique de l’immigration efficace et humaine » - incluent un volet intitulé : « Rendre effectives les nécessaires expulsions ». Parmi les propositions qui l’alimentent, la quarante-septième - « Affrêter les bateaux et des charters pour le retour » - avance que les « procédures d’expulsions seront engagées dans le respect des personnes et des biens. Le départ de France pour le pays d’origine s’effectuera à l’aide de bateaux et charters spécialement affrétés pour ces opérations par l’État français ».
Bruno Mégret affirme qu'il est possible de « concevoir une politique globale et cohérente susceptible d’avoir des effets d’envergure et rapides ». Le Front national, explique alors le numéro deux du FN, pose les « bonnes questions, soulève aussi les vrais problèmes ». Aujourd'hui, le parti de Marine Le Pen s'inscrit dans cette voie. Et de préciser que le Front national des années 1990 entendait, par ses « propositions », offrir des « solutions réalistes, humaines mais déterminées afin de répondre aux angoisses qui tenaillent notre peuple en cette fin de siècle ».