« C'est un jugement particulièrement laxiste » regrette David Rachline. Les propos du sénateur-maire FN de Fréjus se rapportent au jugement du 26 février dernier. La mosquée de Fréjus échappe en justice à la démolition, malgré des irrégularités dans le permis de construire.
Dès la fin des années 1980, le FN se pose en adversaire déclaré de ce lieu de culte. En 1987, on peut lire « Inch’Allah ! Dans vingt ans, c’est sûr, la France sera une république islamique » sur une affiche anonyme (imprimée par Jean-Pierre Stirbois). Une autre, plus confidentielle, suit. Comme la précédente, elle met en avant les signes visibles de ce que le parti d'extrême considère comme une « menace islamique », mosquée, minaret et voile religieux :
Le FN aborde la question de l’immigration sous plusieurs angles dont un essentiel : sa visibilité. Pour Jean-Yves Le Gallou, l’islam n’est pas seulement une religion, c’est aussi un « ensemble de pratiques sociales qui tendent de s’imposer à l’ensemble de la société et (...) à remettre en cause une partie de l’identité française ». Pour l’idéologue de la « préférence nationale », l’islam rend « visible » les immigrés et, de ce fait, rend visible l’immigration. Dans son livre programme de la présidentielle de 2012 Pour que Vive la France, Marine Le Pen va dans le même sens lorsqu'elle avance qu'il est « désormais interdit de considérer que la France, ce sont aussi les clochers et les cathédrales par héritage, et que l’irruption soudaine dans notre paysage de signes prosélytes tels que les mosquées cathédrales ou les minarets ne sont pas nécessairement souhaitables ».
Après une parenthèse d'une vingtaine d'années, la propagande du FN réinvestit le thème de l’islamophobie à partir du printemps 2010. Ce faisant, Marine Le Pen marche sur les plates-bandes d’un de ses ennemis politiques : Bruno Mégret. Le mouvement de l'ancien numéro 2 du FN, le MNR, n'a cessé d'exploiter le thème de la « menace islamique ». Voici l'affiche du MNR pour la présidentielle de 2002 :
Le FN entend mettre un terme à la visibilité de l'islam par l'interdit. La présidente du FN s'est déjà prononcée pour l'interdiction dans l'espace public, notamment, du voile religieux porté par certaines femmes musulmanes et de la djellaba. La ligne politique du parti de Marine Le Pen, fondée sur le rejet de l’islam, assimilé en tant que culture et religion à un danger, dénonce ce qu'elle considère comme des « signes religieux ostentatoires ». Dans un entretien à Zaman France (avril 2013), Marine Le Pen précise un peu plus certaines de ses positions : « Il y a toujours eu des musulmans en France. Mais la majorité des musulmans sont arrivés ces trente dernières années. Je ne peux que regretter que cette immigration se fasse sur la base d’une radicalisation religieuse. Or, la multiplication du voile dans les rues n’est pas un simple effet de mode. (...) Il n’y a pas de signes ostensibles dans la religion catholique. Il y a des religieux qui portent l’habit mais c’est autorisé par la loi de 1905. Les Français se sentent agressés dans leurs habitudes. Les voiles, les exigences sur les lieux de prière, les demandes de nourritures spécifiques… tout ça est en contradiction avec notre culture ».
Et de conclure : « Par conséquent, ce n’est ni l’islam qui pose problème ni même son exercice mais c’est sa visibilité ».