Le slogan apparaît peu après le Congrès de Tours... dans la perspective de la participation de Marine Le Pen à sa première grande élection : la présidentielle de 2012. Pour les régionales de décembre 2015, le Front national se l'approprie de nouveau.
Le « vote utile », c'est quoi ?
C'est un vote qui se porterait sur le candidat dont l'électeur se sent, certes, le plus proche politiquement mais aussi pour celui qui aurait le plus de probabilités de remporter l'élection en cours. Pendant plusieurs décennies, la notion de « vote utile » s'inscrit dans la bipolarisation droite-gauche, UMP-PS. Aujourd'hui, elle intègre une nouvelle donnée : le Front national.
Pour la présidentielle de 2007, Jean-Marie Le Pen obtient un des ses plus mauvais résultats (10,44% des voix). Rappelons le contexte politique : l'élection de 2007 suit le « traumatisme » de 2002, à savoir le duel Le Pen-Chirac du second tour. L'analyse du Front national est celle-ci : en 2007, le Front national aurait été justement « victime » du « vote utile ». Les déçus de la droite ont voté pour Nicolas Sarkozy qui a « fait du libéralisme et du social. Il a fait la campagne patriotique que Le Pen aurait dû faire ». La gauche, elle, hantée par 2002, se serait exprimée immédiatement pour son clan.
Pour les régionales, le seul "vote utile" c'est Marine Le Pen ?
Les sondages annoncent une poussée sans précédent du Front national... et, dans la plupart des régions, chacun espère (et appelle) au « vote utile ». François Hollande et Manuels Valls auraient repris quelques points auprès de leurs électeurs après les attentats du 13 novembre. Justement, un « vote utile » PS ne pourrait-il pas être à l'ordre du jour... notamment dans le nord où Marine Le Pen est donnée grande favorite ? En Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, les résultats devraient s'annoncer serrés entre Philippe Richert (Les Républicains) et Florian Philippot. Le premier dit espérer emporter la région grâce au « vote utile ».
La présidente du FN pourrait être élue présidente du Nord-Pas-de-Calais-Picardie tout comme sa nièce en PACA. Elle entrevoit l'éventuelle victoire de son parti dans d'autres régions. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées par exemple, Marine Le Pen anticipe un « vote utile » FN / Louis Aliot au second tour face à la gauche. Elle précise que le « vote utile » ne doit pas seulement être considéré comme un vote sanction contre le gouvernement de François Hollande. Il s'inscrit dans le « rejet » de la politique en place et contre celle de Les républicains qui mènent la « même politique » que les socialistes.
Certains hommes de gauche disent leur intention de voter « utile » dès le premier tour des régionales. Yves Vidal, ancien du Parti radical de gauche et maire de Grans (Bouches-du-Rhône), explique qu’il votera pour Christian Estrosi (Les Républicains-UDI-MoDem). Un « vrai vote utile » reposant sur une certitude - la défaite du candidat de la gauche de gouvernement - et justifiant sa décision : un positionnement qui éviterait une possible triangulaire LR-PS-FN en PACA et l'éventuelle élection de conseillers régionaux FN.
À plus long terme, des électeurs de gauche évoquent la possibilité de « voter utile » LR au premier tour de la présidentielle de 2017 afin d'éviter une éventualité qu'ils jugent probable : l'accession de Marine Le Pen au second tour.