L'éternelle équation frontiste immigration=chômage=insécurité

C’est un nouveau tract, plus exactement le bulletin d'adhésion au FN de la fédération du Gard, imprimé il y a quelques jours à l’initiative de son secrétaire départemental Yoann Gillet.

Il s'inscrit dans la ligne défendue depuis toujours par le FN... et entre en résonance avec ces quelques mots de Julien Sanchez, prononcés le 12 septembre dernier à la Maison de la Chimie, à Paris. Plus de 600 maires l’écoutent. Ils sont là car, eux, prêts à accueillir des réfugiés dans leur municipalité. Le maire de Beaucaire s'adresse directement au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve : « Nous devrions donc accepter et organiser sous votre couvert l’invasion migratoire de notre pays qui est déjà suffisamment atteint par l’immigration massive habituelle comme cela. Alors que le chômage augmente, que des centaines de quartiers sont en France des zones de non droit, caches d’armes, de Kalashnikov et plaques tournantes de la drogue, alors qu’à cause de votre politique d’immigration, des jeunes Français vont mener le djihâd en Syrie et que de nombreux collégiens et lycéens ont refusé de respecter la minute de silence pour Charlie Hebdo, ne trouvez-vous pas votre attitude démagogique et irresponsable ?  (…) Occupons-nous des Français en France. Il y a déjà fort à faire, notamment avec nos sans abris, nos personnes âgées oubliées, nos jeunes et nos chômeurs dont, quoiqu’on en dise, vous ne vous occupez pas. J’en vois tous les jours dans ma ville qui se sentent moins considérés que les réfugiés. Arrêtons d’être soumis à l’Union Européenne et à Schengen (c'est moi qui souligne) ».

Son discours devient rapidement inaudible. Il est interrompu plusieurs fois : sifflets, cris, tentative de lui ôter le micro. Dans l’hebdomadaire Minute (15 septembre 2015), Julien Sanchez dénonce l'« hystérie à la réunion des Maires pour les migrants (…) dans une salle pro-migrants à 1000% ». Sur le site Boulevard Voltaire - créé en octobre 2012, entre autres, par Robert Ménard - la chronique intitulée « Je suis Julien Sanchez » (sic) - revient sur cette intervention en faisant du maire de Beaucaire (qui vient d'être condamné pour avoir insulté une syndicaliste enseignante) la « voix de la résistance face à une invasion migratoire imposée à la France ». 

Les maires FN crient haut et fort ne pas vouloir accueillir les réfugiés. Le contexte actuel permet au Front national de sortir de ces quelques mois de crise politico-familial et de se faire, de nouveau, entendre sur le plan idéologique. Le discours de Julien Sanchez - tout comme celui des dirigeants et élus du FN - reprend avec fidélité la thématique intemporelle du FN : immigration = chômage = insécurité au cœur de nombreuses campagnes du parti d'extrême droite et illustrée par une des affiches phares du FN, de la fin des années 1970 :  « Un million de chômeurs, c'est un million d’immigrés de trop ! La France et les Français d’abord ! »

G. FN1. 1 million de chômeurs

 

Depuis des décennies, la propagande frontiste tente de séduire l’électeur en développant une idée centrale : celle d’une protection, voire d’une préférence qui serait offerte aux immigrés aux dépens des Français ; l'immigration étant présentée comme une menace pour l'identité nationale.