Les changements iconographiques entre la première et la seconde flamme FN ne sont pas flagrants. Et c’est pour cette raison que Jean-Pierre Stirbois, nommé Secrétaire général du FN en juin 1981, obtient gain de cause auprès de Jean-Marie Le Pen.
Deux flammes Stirbois se succèdent. La première apparaît en 1977, avant que l'homme ne soit nommé Secrétaire général. La seconde prend forme au début des années quatre-vingt. Ces flammes restent, officiellement, en vigueur jusqu’à la mort de Jean-Pierre Stirbois (novembre 1988)… même si les anciennes flammes du FN continuent d’être utilisées jusqu’à épuisement des stocks.
La transition s’effectue en douceur. Si la flamme reste à peu près la même, le sigle évolue. Le socle de la première flamme disparaît pour laisser place aux seules lettres FN, de couleurs rouges ou bleues. La seconde flamme FN (1977-1988) réapparaît, quand même, plus enveloppée, plus assise donc plus stable. Elle symbolise le passage à un Front national renouvelé et entend rompre avec la période précédente.
Tout comme la flamme, les slogans phares du FN évoluent. « La France aux Français » devient « La France et les Français d’abord » ; le premier étant « gaullien » et le second instaurant la « préférence nationale au quotidien » explique Jean-François Touzé, secrétaire administratif de Jean-Pierre Stirbois. Ce dernier fait également évoluer la sémantique. Certaines formules calquées sur celles du Parti communiste disparaissent... comme « Amis ou camarades » remplacée par « Cher ami ». « Mes sentiments nationalistes les plus forts » deviennent « Mes sentiments nationaux les plus forts ». Cela « n’a l’air de rien », continue Jean-François Touzé, « mais c’est très fort. On passe du nationalisme au national ».
Cette évolution, ajoutée aux autres, est regrettée par les anciens cadres frontistes. Car toutes annoncent les fondements d’un nouveau FN, celui porté par Jean-Pierre Stirbois ; un parti dont l'histoire s'accélère au début des années 1980 avec ses premiers succès électoraux.