Ce n’est pas la panique. Pas encore. Hassan Rohani a réussi son offensive de charme à New York, et à la Présidence du conseil à Jérusalem l’inquiétude règne. Les relations entre les États Unis et la République islamique d’Iran se dégèlent. Barack Obama a eu, pour la première fois depuis 1978, un entretien téléphonique avec son homologue iranien. Pour Israël, ce n’est pas rien. Benjamin Netanyahu considère en effet Rohani comme: « Un loup déguisé en mouton ». Les Israéliens, officiels, personnalités politiques de droite comme de gauche, gouvernementales et de l’opposition, ont répété: « Il ne faut pas que la communauté internationale se laisse embobiner par le ton soi-disant modéré du président iranien ». L’ambassade d’Israël à Washington, a même diffusé un tweet conduisant à un faux portrait de Hassan Rohani présenté comme un expert en communication qui a réussi à montrer le régime des Ayatollah comme « modéré et une source d’espoir au sein de la communauté internationale… Et dont la spécialité est « le commerce international et les armes nucléaires ».
Mais, rien n’y a fait, Rohani a même évoqué la Shoah dans plusieurs déclarations : « De manière générale, je peux vous dire que tous les crimes commis contre l’humanité dans l’histoire, y compris ceux que les nazis ont commis contre les Juifs, sont répréhensibles et condamnables…» Les dirigeants israéliens, considèrent que le président iranien avait adopté une forme de négationniste, en affirmant sur CNN « qu’il ne pouvait pas estimer l’ampleur de l’Holocauste, n’étant pas un «historien». L’argument n’a pas convaincu. De fait, Rohani s’est totalement démarqué de son prédécesseur, Ahmadinejad, pour qui l’Holocauste n’a jamais existé.
Sur l’essentiel, le nucléaire, Benjamin Netanyahu a relevé avec satisfaction que, dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Barack Obama a déclaré « les paroles de conciliation venues d’Iran doivent correspondre à des actes vérifiables et transparents ». Et, selon le quotidien Yediot Aharonot, dans les négociations sur le nucléaire iranien, Netanyahu demande au Président américain d’exiger des Iraniens qu’ils remplissent conditions suivantes: « L’arrêt total de l’enrichissement de l’uranium, le retrait d’Iran de l’uranium enrichi. La fermeture puis le démantèlement des centres d’enrichissement également de la centrale au plutonium en cours de construction. » A priori, il y a peu de chances pour que les Iraniens acceptent ces conditions.
Tous les médias israéliens rappellent que la République islamique est sur le point d’atteindre le seuil du nucléaire militaire grâce aux nouvelles centrifugeuses installées dans le site souterrain de Fordo. Selon Ehoud Yaari, le commentateur de la deuxième chaîne israélienne, ce ne serait qu’une question de deux mois.
Benjamin Netanyahu est donc parti pour les États Unis où il doit rencontrer Barack Obama à la Maison blanche, et ensuite, prononcer un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies dans lequel il « dira la vérité sur l’Iran ». Mais pour les experts en communication, il arrive bien tard, littéralement en trouble fête. Son absence de New York, cette dernière semaine était, disent-ils, une erreur. Les médias américains ont à présent d’autres préoccupations, surtout le bras de fer entre Barack Obama et le Congrès à propos du budget..