Aux États-Unis, le prix exorbitant des études entraîne de nombreux étudiants à contracter des prêts qui les suivront parfois pendant plusieurs dizaines d'années.
Tout sourire, une jeune femme vient de remporter un jeu télé. À la clé, pas de croisière de rêve, de voiture ou de maison, mais le remboursement de son prêt étudiant. Aux États-Unis, ce jeu fait un tabac et cela se comprend. Car, vu de France, le prix des études aux États-Unis dépasse l'entendement : 55 000 € par an pour le droit à Harvard, 54 000 € pour le journalisme à Columbia, 80 000 € pour le commerce en Pennsylvanie... La facture totale peut atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros pour un cursus. Le remboursement commence légalement six mois après la fin de l'université et pèse sur les étudiants tout au long de leur vie.
Des années d'asphyxie économique
L'endettement étudiant devient une bombe à retardement pour la société américaine: un étudiant sur cinq ne peut pas rembourser son prêt. Dans un pays où le coût de la vie est déjà très élevé, les prêts étudiants endettent les Américains sur vingt ou vingt-cinq ans. Chelsea Tobe est diplômée en sciences de l'éducation mais a finalement trouvé un emploi comme chef de rayon dans un grand supermarché. Elle gagne mieux sa vie que si elle travaillait dans l'enseignement mais elle reste asphyxiée par sa dette étudiante : 700 € par mois pour un salaire net de 1 700 €. Comme Chelsa Tobe, de plus en plus d'Américains désespérés créent leur cagnotte sur internet, sollicitant amis et charitables inconnus. Ils sont souvent loin du compte.
Reportage de Loïc de la Mornais, Thomas Donzel, Fabien Fougère, Rebecca Suner et Andreane Williams