Les équipes de France 2 rencontré en exclusivité Bob Woodward, dans sa maison de Georgetown.

France 2 a rencontré Bob Woodward, à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage sur Donald Trump

À 75 ans, Bob Woodward est une légende du journalisme américain. C'est lui qui, avec son collègue Carl Bernstein, a fait tomber le président Richard Nixon en dévoilant le scandale du Watergate dans les pages du Washington Post. Demain sort en France son dernier ouvrage, consacré à Donald Trump. Les équipes de France 2 l'ont rencontré en exclusivité dans sa maison de Georgetown, un quartier huppé du nord-ouest de Washington.

Bob Woodward, un monument du journalisme d'investigation 

En 47 ans de carrière, Bob Woodward peut se targuer d'avoir travaillé sous neuf présidents américains. De Richard Nixon à Donald Trump, les rouages de la Maison-Blanche n'ont aucun secret pour lui. Arrivé au Washington Post en 1971, il en est aujourd'hui l'un des éditeurs associés. Dans le monde entier, le journaliste est un piliers du journalisme d'investigation. Sa couverture du scandale du Watergate, en duo avec son collègue Carl Bernstein, aura conduit à l'obtention d'un prix Pulitzer en 1973, et à la démission du président républicain Richard Nixon en aout 1974. Dans Les hommes du président (1976), un blockbuster oscarisé signé par le réaliser Alan J. Pakula, son personnage est interprété par Robert Redford.

Bob Woodward a écrit et co-écrit 19 livres ces 35 dernières années. Tous ont été des best-sellers aux États-Unis. En 2003, il remporte un deuxième prix Pulitzer, cette fois pour sa couverture des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Sept autres pix prestigieux récompensants l'excellence en matière de journaliste d'investigation lui ont été décernés au cours de sa carrière. En 2004, Robert Gates, ancien directeur de la CIA et alors futur secrétaire de la Défense, déclarait qu'il aurait aimé recruté le journaliste : "Il possède une capacité extraordinaire à amener des personnes responsables à cracher le morceau. Son habileté à les faire parler de choses dont ils ne devraient pas parler est extraordinaire et même peut-être unique". 

Peur sur la Maison-Blanche 

Bob Woodward a beau connaître la Maison-Blanche comme sa poche, il nous explique ne l'avoir jamais vue au centre d'une telle crise politique. Peur est décrit comme l'un des portraits les plus intimes du président Trump jamais publié depuis son élection le 8 novembre 2016. En s'appuyant sur son lien direct avec le président, qu'il a rencontré à plusieurs reprises avant son élection, sur des centaines d'heures d'entretiens, des notes personnelles, des dossiers et de documents confidentiels, le journaliste livre 500 pages de témoignages recueillis chez de nombreux acteurs présents à l'intérieur de la Maison-Blanche. Tous, ou presque, décrivent un chaos permanent : son ancien avocat, John M. Dowd, son secrétaire à la défense, Jim Mattis, ou encore son chef de cabinet, John F.Kelly, qui décrit la Maison-Blanche « comme un zoo avec des cages sans barreaux ». 

Bob Woodward indique avoir essayé d'interroger Donald Trump dans le cadre de l'écriture de son ouvrage, mais ajoute que celui-ci ne l'a contacté qu'à la mi-août, alors que le manuscrit était déjà achevé. 

"Peur, Trump à la Maison-Blanche" sort demain en France

Forcément dans son livre, Bob Woodward met l'accent sur les débats explosifs entre Donald Trump et son administration. Un passage du livre décrit comment, à la veille d'un bombardement contre le régime syrien, accusé d'avoir employé des armes chimiques, le président s'emporte contre Bachar Al-Assad dans une conversation téléphonique avec Jim Mattis : " Tuons-le, putain ! Allons-y ! On leur rentre dedans et on les bute ", suggère-t-il. Dans un autre, alors que Trump se demande pourquoi les Etats-Unis dépensent autant d'argent pour maintenir des troupes sur la péninsule coréenne pour surveiller les missiles, le secrétaire à la Défense considère son comportement comme étant digne de celui "d'un élève de CM2 ou de sixième" .

"Lors d'un entretien avec Trump, peu avant son élection, j'ai cité Barack Obama qui disait : le vrai pouvoir c’est de ne pas avoir à utiliser la violence. Il m’a alors répondu que pour lui, le vrai pouvoir c’est la peur. C'est de cet échange que vient le titre du livre", Bob Woodward à France 2.

"Les attaques du 11 septembre 2001, la crise financière de 2008... C'est lors des grandes crises que les présidents son mis à l'épreuve. Que se passerait-il si on avait une vraie crise aujourd'hui ? Donald Trump n'a pas d'équipe, pas de stratégie et n'écoute personne", confie Bob Woodward à France 2. Peur dépeint une administration en proie au chaos, entretenue par un président qui ne comprend pas les mécanismes institutionnels essentiels au bon fonctionnement de son pays. 

Peur, Trump à la Maison Blanche, Éditions Seuil, sortie le 29 novembre 2018. 

Pourquoi certaines personnes sont-elles plus altruistes que d'autres ?

Abigail Marsh est professeur en psychologie à l'université de Georgetown, à Washington DC. Suite à une expérience personnelle survenue à l'âge de 19 ans, elle a voulu scientifiquement démontrer que certains individus sont plus aptes à secourir les autres, et reconnaissent plus facilement la détresse d'autrui. 

"Il y a un homme quelque part qui ressemble un peu à l'acteur Idris Elba, ou en tout cas cela était vrai il y a presque 20 ans. Je ne sais rien de lui à part qu'un jour, il m'a sauvé la vie en mettant la sienne en danger. Cette homme a traversé quatre voies d'autoroute en plein milieu de la nuit pour me ramener en lieu sûr, suite à un accident de voitures qui aurait pu me tuer. Pourquoi a-t-il risqué sa vie pour sauver celle d'une inconnue?" questionnait Abigail Marsh lors d'une conférence en juin 2016.

Décidée à résoudre cette problématique, cette universitaire a lancé un appel en 2010, à une catégorie de personnes extrêmement altruistes : les donneurs d'organes, et en particulier ceux du rein. Elle a réuni 19 volontaires, répartis aux quatre coins des États-Unis, ayant donné un rein à de parfaits inconnus, sans jamais les rencontrer (les donneurs aux membres de leur famille ont été exclus de l'étude).

Alors que le cerveau des candidats était passé au scanner, plusieurs expressions du visages leur ont été présentées. Les IRM montraient alors une augmentation de l'activité cérébrale lorsque des visages apeurés étaient exposés. L'amygdale de l'hémisphère droit du cerveau était 8% plus grosse que celle de la population générale. Or cette partie du cerveau est impliquée dans la détection des signaux émotionnels, notamment celui de la peur.

Face à ces résultats, l'équipe de scientifiques a conclu que ces personnes sont particulièrement sensibles à la détresse d'autrui et sont, par conséquent, plus enclines à venir en aide à leurs prochains. Plus altruistes donc. 

Vidéo réalisée par Louise Dewast, texte de Yelen Bonhomme-Allard