Alors que les États-Unis et le Mexique viennent de conclure un nouvel accord commercial, c’est au tour du Canada de renégocier l’Aléna avec le président américain. Retour sur les points de blocage.
D’abord quelques chiffres : les échanges commerciaux entre les États-Unis, le Mexique et le Canada représentent un peu plus de 1 000 milliards de dollars (environ 850 milliards d'euros) par an. Depuis l’entrée en vigueur de l’Aléna en 1994, les accords commerciaux entre les trois pays ont triplé ; les droits de douane ont même été totalement supprimés en 2008.
Mais selon un rapport du Congrès américain, l’accord a eu peu d’impact sur l’économie américaine : les échanges entre les trois pays auraient entraîné une augmentation de 0,5% du PIB américain. Des résultats économiques peu convaincants pour Donald Trump qui accuse les deux pays de dumping social, creusant le déficit commercial des États-Unis.
Les retombées pour l’emploi difficiles à évaluer
C’est sans doute le principal sujet de crispation chez les Américains : l’Aléna a-t-il favorisé ou non la création d’emplois aux Etats-Unis ? Officiellement, il aurait créé quarante millions d’emplois dont vingt-cinq millions aux Etats-Unis. Mais le rapport du Congrès américain fait état de 600 000 suppressions d’emplois, principalement dans le secteur secondaire, depuis son entrée en vigueur. Selon le think tank Economic Policy Institute, les pertes d’emplois du fait de délocalisations s’élèveraient même à plus de 800 000. Il est toutefois difficile d'établir que la cause soit à imputer uniquement au traité de libre-échange.
Les règles autour de l’industrie automobile, une "catastrophe" pour Trump
Le président américain considère que l’entrée en vigueur du traité, il y a plus de cinquante ans, était une catastrophe pour les salariés américains, en particulier pour ceux du secteur automobile. Soutenant des mesures économiques davantage protectionnistes, Donald Trump a multiplié les menaces à l’égard de constructeurs américains comme Ford qui avait dû, dans un premier temps, renoncer à l’ouverture d’une usine au Mexique. Mais la sortie de l’Aléna pourrait provoquer la suppression de 50 000 emplois dans l’industrie automobile. Si les détails concernant ce nouvel accord ne sont pas encore connus, celui-ci prévoirait une augmentation des pièces détachées d’origine américaine et régionale pour les véhicules assemblés au Mexique.
La clause "Sunset"
Afin de réévaluer de manière permanente le nouvel accord trilatéral commercial, les États-Unis souhaitent instaurer une mesure qui permettrait, au bout de cinq ans, de mettre un terme à l’Aléna à moins que les trois pays se mettent d’accord pour sa prolongation. Une clause jugée "insensée" par le Premier ministre canadien Justin Trudeau puisqu’elle nuirait aux investissements à long terme du Canada.
Le prise en compte de l’environnement
Le Canada veut profiter de cette renégociation du traité commercial pour y inclure certaines mesures environnementales. Pour la ministre canadienne des affaires étrangères, Chrystia Freeland, cette nouvelle version devra s'assurer "qu'aucun État-membre de l'Aléna ne puisse réduire la protection de l'environnement en vue d'attirer les investissements" et que tous "multiplient leurs efforts pour s'attaquer aux changements climatiques". Pour le moment, Washington ne s’est pas montré prêt à adopter ces deux mesures.
H.G