Affaire FBI : la politique s'invite dans les bars de Washington D.C

À Washington D.C, trois bars de la ville s’apprêtent à diffuser l'audition de James Comey, ancien directeur du FBI. Conséquence amusante : ce nouveau chapitre politique, concernant l’ingérence russe dans l’élection de Trump, fait naître des idées de cocktails. Rendez-vous pris dès 9h30 au Shaw's Tavern, The Partisan ou au Duffy's Irish.

Le 7 juin. Depuis plusieurs semaines, l’Amérique retient son souffle en attendant cette date fatidique. Bien que les auditions aient débuté aujourd'hui, le pays attend avec impatience celle de l'ancien directeur du FBI, James Comey. Son témoignage entraînera certainement un virage dans le monde politique. Et pour l'occasion, trois établissements situés à Washington D.C, le Shaw's Tavern, Duffy's Irish et The Partisan, ont décidé de brancher leurs écrans de télévision sur cette affaire.

Plus habités aux retransmissions sportives, les clients seront accueillis aux alentours de 9h30 pour suivre ce nouveau volet politique. L’établissement irlandais, le Duffy's Irish Pub, surfe sur l'actualité en proposant une nouvelle recette : le "Covfefe Cocktail", au prix de 5 dollars. Ce dernier est un clin d’œil au tweet du président Donald Trump posté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. "La signification mystérieuse de ce terme, l'est tout autant que la composition de cette boisson", s'amuse le manager du bar.

De son coté, le Partisan ajoute aussi sa touche d'humour. Les sandwichs seront accompagnés par "The Last Word", comprenez Le dernier mot, ou "Drop the Bomb", Lâche la bombe.

Une bombe, James Comey en a lâché une aujourd’hui en confirmant, de façon manuscrite, au Congrès que Donald Trump lui a demandé d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale mêlé à l'affaire de l'ingérence russe dans l'élection. Dans cette histoire, seule la justice américaine aura le dernier mot.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Renvoi du directeur du FBI : récit d'une folle semaine

Le 9 mai dernier, James Comey, directeur du FBI, a appris qu'il était renvoyé. Quelques minutes plus tard, la toile et les médias américains s'enflammaient. Et pour cause : Donald Trump est seulement le deuxième président américain à limoger un directeur du très puissant Federal Bureau of Investigation.

Nommé par Barack Obama

James Comey avait été nommé à la tête du FBI en septembre 2013 par Barack Obama. Il avait fait parler de lui en octobre 2016 lorsqu'il avait pris la décision de réouvrir l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat, à quelques semaines de l'élection présidentielle américaine. Comey décide finalement de fermer l'enquête une semaine plus tard, en réaffirmant les conclusions publiées en juillet.

Cette affaire n'a pas été sans conséquence pour l'ancien directeur, qui s'est vu accusé de politiser le FBI. Par ailleurs, lors de la victoire de Donald Trump en novembre, nombreux sont les démocrates qui se sont empressés de le tenir responsable de la défaite de la candidate. 

Renvoi brutal 

Mardi 9 mai, à la surprise générale, Donald Trump a remercié James Comey qui, étant en déplacement, a appris la nouvelle... en regardant la télévision. Ce dernier a d'ailleurs d'abord cru à une fausse rumeur.

Très vite, la question des motivations de cette décision s'est posée. Le fait que James Comey soit en charge de l'enquête sur les possibles liens entre les élections américaines, le président américain et la Russie n'a pas échappé à beaucoup d'américains, y voyant là un motif de mécontentement tout trouvé pour le président. C'est alors que le cycle infernal des déclarations et contre-déclarations s'est enclenché. 

Contradictions à la Maison Blanche

La Maison Blanche a d'abord déclaré que le président américain avait suivi les recommandations de Jeff Sessions et Rod Rosenstein, respectivement procureur général et procureur général adjoint. Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, a affirmé la même chose. Le mémo de Rosenstein met en cause la manière dont le directeur du FBI a géré "la conclusion de l'enquête sur les mails" d'Hillary Clinton. 

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Le 10 mai, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe, déclare cependant que Donald Trump, ainsi qu'une grande partie du FBI, n'avait plus en confiance en James Comey. Le même jour, le président américain confie en effet penser que le directeur "ne faisait pas du bon travail", et admet, le lendemain, qu'il l'aurait limogé "peu importe les recommandations".

Entendu par le Sénat jeudi 11 mai, McCabe, directeur par intérim du FBI, a contredit les allégations de Sanders. Selon lui, Comey était respecté et bénéficiait "du soutien de ses collègues".

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Etouffer l'enquête sur la Russie?

Beaucoup de contradictions, donc, qui laissent penser que Donald Trump aurait voulu empêcher l'ancien directeur d'enquêter sur les interférences russes durant l'élection présidentielle américaine. Le président a raconté jeudi que James Comey lui avait confié à trois reprises qu'il n'était pas personnellement visé par une investigation du FBI. À ce qui ressemble à de l'ingérence de la part du président, McCabe répond seulement que ce n'est pas "dans les pratiques du FBI de notifier des personnes sous le coup d'une enquête". 

Le 11 mai au soir, le président américain a finalement admis que la question de la Russie était bien en jeu : «En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: ‘le truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée’», a-t-il déclaré à NBC News. Pour couronner le tout, ce dernier a tweeté ce qui semble être une menace envers Comey ce vendredi 12 mai : « James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’'enregistrements' de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! ». 

Donald Trump va désormais devoir nommer un nouveau chef du FBI en tentant de contenter le plus grand nombre, alors que de nombreux parlementaires reprochent au président d'avoir voulu interférer dans les affaires judiciaires. Les démocrates réclament la nomination d'un procureur spécial et indépendant afin de se charger de l'enquête sur la Russie. Affaire à suivre.

 

Victoria David