Qui a tué Kennedy ? Les archives de sa mort pourraient dévoiler bien des secrets

54 ans après la mort du 35e président des États-Unis, John Fitzgerald Kennedy, de nombreux Américains continuent de penser que son assassinat fut l'objet d'une conspiration. Ce jeudi, 3 150 documents liés à ce meurtre seront rendus publics aux Archives nationales à Washington DC. L'occasion de réduire au silence les théories les plus loufoques. 

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Le 22 novembre 1963, JFK est assassiné sous les yeux de sa femme, Jacqueline Kennedy, alors qu'ils défilaient à bord d'une voiture décapotable dans le centre-ville de Dallas (Texas). Rapidement le meurtrier présumé, Lee Harvey Oswald est arrêté, puis lui-même tué deux jours plus tard par un déséquilibré nommé Jack Ruby. La Commission Warren, chargée de l'enquête, retient la thèse d'un tueur isolé, mais beaucoup d'Américains réfutent cette version officielle, privilégiant l'idée d'un coup monté. La mafia, la CIA et le FBI, entre autres, sont dans le collimateur. Aujourd'hui encore, l'événement fascine et nourrit l'imagination.

Alors que 3 150 documents sont encore classés confidentiels, une loi signée en 1992 impose la publication des informations sur cette affaire. Samedi 21 octobre, Donald Trump a annoncé dans un tweet qu'il allait les rendre publics ce jeudi, au sein du bâtiment des Archives nationales, à Washington DC. Ces preuves pourraient préciser le rôle de la CIA qui surveillait déjà Lee Harvey Oswald avant le drame, mais également déterminer si ce dernier est le seul responsable, ou s'il a bénéficié de l'aide d'éventuels complices.

Les assassins envisagés de JFK

Lee Harvey Oswald, suspected assassin of U.S. President John F. Kennedy, holds up his manacled hands at police headquarters in Dallas, Texas, where he is held for questioning, on Nov. 22, 1963. New testing on the type of ammunition used in the 1963 assassination of President John F. Kennedy raises questions about whether Lee Harvey Oswald acted alone, according to a study by researchers at Texas A&M University. (AP Photo/Ferd Kaufman)

Lee Harvey Oswald : a-t-il agit seul ou avec l'aide de comparses ? La réponse demeure un mystère. Toutefois, cet homme s'était rendu à Mexico en septembre et octobre 1963, quelques semaines avant le meurtre du président américain. Sur place, il avait franchi les portes des ambassades cubaines et russes, afin d'obtenir des visas pour se rendre dans ces deux pays. Repéré par la CIA, il avait été placé sous surveillance, manifestement défaillante. 

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Lyndon Baines Johnson : plusieurs documents montrent des échanges entre John Edgar Hoover (le patron du FBI), et le vice-président Johnson, qui accède à la présidence suite à l'assassinat de JFK, de novembre 1963 à janvier 1969. Kennedy aurait envisagé de pas reprendre Johnson comme candidat vice-président lors des élections de 1964, notamment à cause des enquêtes criminelles qui le visaient (trafic d'influence, détournement de fonds, blanchiment d'argent et corruption). Des poursuites abandonnées si tôt Johnson élu à la tête des États-Unis.

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Le FBI et la CIA : L'agence de renseignement aurait pu en vouloir à Kennedy pour son manque de soutien lors du débarquement de la Baie des Cochons. L'ancien président aurait également déclaré en privé que la CIA l'avait manipulé pour qu'il donne l'ordre d'envahir Cuba. Par ailleurs, Kennedy avait renvoyé Allen Dulles, le patron de la CIA. Mais ce dernier a été nommé par Johnson en personne, à la tête de la Commission Warren, chargée d'enquêter sur la mort de Kennedy. Certains pensent qu'Allen Dulles aurait pu vouloir se venger.

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La mafia italo-américaine : elle aurait financé la campagne électorale de John Kennedy lors des présidentielles de 1960. Par ailleurs, Robert Kennedy (surnommé Bob ou Bobby), le frère de John Kennedy est procureur général des États-Unis de 1961 à 1964, puis sénateur de l'État de New York jusqu'à sa mort. À l'instar de son frère aîné, il a été assassiné en 1968 le soir de sa victoire à la primaire de Californie. Robert faisait de la lutte contre la mafia l'une de ses priorités.

L'extrême droite américaine : celle-ci trouvait Kennedy trop doux avec Cuba, l'URSS (Kennedy acceptait le dialogue avec Khrouchtchev) et la communauté noire (il soutenait Martin Luther King et l'égalité des droits entre les Blancs et les Noirs). Le jour même de son arrivée à Dallas, l'extrême droite distribuait des tracts anti-Kennedy sur lesquels était inscrit "Recherché pour Haute Trahison".

John Fitzgerald Kennedy avait indéniablement beaucoup d'ennemis. La publication de ces archives mettra peut-être un terme aux multiples théories sur son assassinat, véhiculées depuis plus d'un demi-siècle.

Yelen Bonhomme-Allard

Affaire FBI : la politique s'invite dans les bars de Washington D.C

À Washington D.C, trois bars de la ville s’apprêtent à diffuser l'audition de James Comey, ancien directeur du FBI. Conséquence amusante : ce nouveau chapitre politique, concernant l’ingérence russe dans l’élection de Trump, fait naître des idées de cocktails. Rendez-vous pris dès 9h30 au Shaw's Tavern, The Partisan ou au Duffy's Irish.

Le 7 juin. Depuis plusieurs semaines, l’Amérique retient son souffle en attendant cette date fatidique. Bien que les auditions aient débuté aujourd'hui, le pays attend avec impatience celle de l'ancien directeur du FBI, James Comey. Son témoignage entraînera certainement un virage dans le monde politique. Et pour l'occasion, trois établissements situés à Washington D.C, le Shaw's Tavern, Duffy's Irish et The Partisan, ont décidé de brancher leurs écrans de télévision sur cette affaire.

Plus habités aux retransmissions sportives, les clients seront accueillis aux alentours de 9h30 pour suivre ce nouveau volet politique. L’établissement irlandais, le Duffy's Irish Pub, surfe sur l'actualité en proposant une nouvelle recette : le "Covfefe Cocktail", au prix de 5 dollars. Ce dernier est un clin d’œil au tweet du président Donald Trump posté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux. "La signification mystérieuse de ce terme, l'est tout autant que la composition de cette boisson", s'amuse le manager du bar.

De son coté, le Partisan ajoute aussi sa touche d'humour. Les sandwichs seront accompagnés par "The Last Word", comprenez Le dernier mot, ou "Drop the Bomb", Lâche la bombe.

Une bombe, James Comey en a lâché une aujourd’hui en confirmant, de façon manuscrite, au Congrès que Donald Trump lui a demandé d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale mêlé à l'affaire de l'ingérence russe dans l'élection. Dans cette histoire, seule la justice américaine aura le dernier mot.

Yelen BONHOMME-ALLARD

Renvoi du directeur du FBI : récit d'une folle semaine

Le 9 mai dernier, James Comey, directeur du FBI, a appris qu'il était renvoyé. Quelques minutes plus tard, la toile et les médias américains s'enflammaient. Et pour cause : Donald Trump est seulement le deuxième président américain à limoger un directeur du très puissant Federal Bureau of Investigation.

Nommé par Barack Obama

James Comey avait été nommé à la tête du FBI en septembre 2013 par Barack Obama. Il avait fait parler de lui en octobre 2016 lorsqu'il avait pris la décision de réouvrir l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat, à quelques semaines de l'élection présidentielle américaine. Comey décide finalement de fermer l'enquête une semaine plus tard, en réaffirmant les conclusions publiées en juillet.

Cette affaire n'a pas été sans conséquence pour l'ancien directeur, qui s'est vu accusé de politiser le FBI. Par ailleurs, lors de la victoire de Donald Trump en novembre, nombreux sont les démocrates qui se sont empressés de le tenir responsable de la défaite de la candidate. 

Renvoi brutal 

Mardi 9 mai, à la surprise générale, Donald Trump a remercié James Comey qui, étant en déplacement, a appris la nouvelle... en regardant la télévision. Ce dernier a d'ailleurs d'abord cru à une fausse rumeur.

Très vite, la question des motivations de cette décision s'est posée. Le fait que James Comey soit en charge de l'enquête sur les possibles liens entre les élections américaines, le président américain et la Russie n'a pas échappé à beaucoup d'américains, y voyant là un motif de mécontentement tout trouvé pour le président. C'est alors que le cycle infernal des déclarations et contre-déclarations s'est enclenché. 

Contradictions à la Maison Blanche

La Maison Blanche a d'abord déclaré que le président américain avait suivi les recommandations de Jeff Sessions et Rod Rosenstein, respectivement procureur général et procureur général adjoint. Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, a affirmé la même chose. Le mémo de Rosenstein met en cause la manière dont le directeur du FBI a géré "la conclusion de l'enquête sur les mails" d'Hillary Clinton. 

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Sarah Huckabee Sanders tient une conférence de presse. Mercredi 10 mai 2017. CNN.

Le 10 mai, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe, déclare cependant que Donald Trump, ainsi qu'une grande partie du FBI, n'avait plus en confiance en James Comey. Le même jour, le président américain confie en effet penser que le directeur "ne faisait pas du bon travail", et admet, le lendemain, qu'il l'aurait limogé "peu importe les recommandations".

Entendu par le Sénat jeudi 11 mai, McCabe, directeur par intérim du FBI, a contredit les allégations de Sanders. Selon lui, Comey était respecté et bénéficiait "du soutien de ses collègues".

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Andrew McCabe, directeur du FBI par intérim, est entendu par le Sénat. 11 mai 2017. LA Times.

Etouffer l'enquête sur la Russie?

Beaucoup de contradictions, donc, qui laissent penser que Donald Trump aurait voulu empêcher l'ancien directeur d'enquêter sur les interférences russes durant l'élection présidentielle américaine. Le président a raconté jeudi que James Comey lui avait confié à trois reprises qu'il n'était pas personnellement visé par une investigation du FBI. À ce qui ressemble à de l'ingérence de la part du président, McCabe répond seulement que ce n'est pas "dans les pratiques du FBI de notifier des personnes sous le coup d'une enquête". 

Le 11 mai au soir, le président américain a finalement admis que la question de la Russie était bien en jeu : «En fait quand je me suis décidé, je me suis dit: ‘le truc avec la Russie, Trump et la Russie, c’est une histoire inventée’», a-t-il déclaré à NBC News. Pour couronner le tout, ce dernier a tweeté ce qui semble être une menace envers Comey ce vendredi 12 mai : « James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’'enregistrements' de nos conversations avant qu’il commence à faire des révélations à la presse ! ». 

Donald Trump va désormais devoir nommer un nouveau chef du FBI en tentant de contenter le plus grand nombre, alors que de nombreux parlementaires reprochent au président d'avoir voulu interférer dans les affaires judiciaires. Les démocrates réclament la nomination d'un procureur spécial et indépendant afin de se charger de l'enquête sur la Russie. Affaire à suivre.

 

Victoria David