John McCain, un électron libre au sein du parti des Républicains

Entré au Congrès américain en 1982, fils et petit-fils d'amiraux, John McCain, 80 ans, est devenu au fil des années un visage incontournable dans le paysage politique américain. En 2008, cet ancien pilote, prisonnier de guerre pendant 5 ans et demi au Vietnam, où il a été torturé, s'était même porté candidat à la Maison-Blanche face à Barack Obama. Ce sénateur de l'Arizona - aux 2,3 millions de followers sur Twitter - est décrit comme inclassable politiquement. Portrait.

"Nous ne sommes pas les subordonnés du Président. Nous sommes ses égaux." Le retour du sénateur républicain dans le monde politique, le visage marqué par une cicatrice au-dessus de l'arcade sourcillière due à une opération du cerveau, n'est pas passé inaperçu. Mardi 25 juillet, dans un discours prononcé devant le Sénat, John McCain a adressé un message sévère à ses collègues parlementaires, leur rappelant les textes fondateurs de la démocratie. Dénonçant l'attitude de certains sénateurs, pour lesquels "le fait de gagner" en politique est devenu plus important que l'esprit de coopération, il a invité les membres du Congrès à revenir au respect de chacun.

Un républicain appartenant à l'aile gauche du parti

Contrairement aux membres de son propre camp, John McCain est plus modéré, soucieux d'entretenir de bonnes relations avec le parti inverse. Dans le camp des Démocrates, le sénateur républicain suscite le respect. "Il n'y a personne au Sénat comme John McCain", a confié à l'AFP, Chris Murphy, le sénateur démocrate du Connecticut.

"L'un des éléments-clés nécessaires pour bâtir la confiance avec mes collègues a été de tenir ma parole, déclarait le vieux sénateur à l'AFP en 2013. Dans la tradition de Ronald Reagan et Tip O'Neil (ancien président démocrate de la Chambre des représentants, ndlr), je suis prêt à faire des compromis sans trahir mes principes". Ce républicain se présente ainsi comme un "conservateur reaganien", à l'image de cette icône de la droite qui avait su conquérir une partie d'indépendants.

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Pilote de la Marine pendant 22 ans, ce républicain est devenu sénateur par accident. Il aurait dû être amiral, comme l'a été son père et son grand-père avant lui. Possédant son propre siège depuis plus de 30 ans, ce franc-tireur de la politique "a su se bâtir une réputation qui va bien au-delà des couloirs du Capitole", comme le souligne le site Quartz. Au Congrès, il a même été surnommé "la tornade blanche", en allusion à son habitude de défier la Maison-Blanche sur les sujets les plus sensibles. Comme la question de la torture ou celle du réchauffement climatique.

Bien que Républicain, il milite activement pour que les Etats-Unis prennent conscience de la nécessité de changer d'attitude à l'égard de l'environnement et limitent les émissions de gaz à effet de serre. Les années passées dans un camp de prisonnier au Vietnam lui ont appris les erreurs que les Américains ne devaient pas faire : "John McCain a écrit sur les tortures qu'il a subies dans les geôles vietnamiennes, ainsi que sur l'isolement et la dépression qu'il a vécus", rappelle Quartz. De cette expérience découle en 2005 un projet de loi bannissant tout recours à la torture.

L'anti-conformiste républicain (maverick, en anglais), aliéné par une partie de l'électorat conservateur

Pourtant, il n'a rien d'un gauchiste. John McCain s'est prononcé contre l'avortement et le mariage des couples homosexuels. Mais, pour beaucoup de ses amis conservateurs, il n'est Républicain que de nom seulement. Leur collègue n'est qu'un original à leurs yeux. Son indépendance d'esprit lui vaut des critiques sévères de la part des membres de son propre camp.

Les raisons ? Le sénateur avait soutenu un projet de légalisation des immigrés clandestins, un comble pour le Parti républicain. Il avait également voté deux fois contre les réductions fiscales offertes par l'ancien président George W. Bush, avant d'accepter de les titulariser. Un geste qui avait été peu apprécié chez les conservateurs "fiscaux". Et, sur les questions morales, les conservateurs lui en ont voulu d'avoir refusé d'amender la Constitution pour interdire les mariages homosexuels et d'avoir apporté son soutien à la recherche sur les cellules souches d'embryon.

Pendant la campagne républicaine de 2008, en course vers la Maison-Blanche, John McCain avait été déclaré vainqueur dans la moitié des Etats américains, dont New-York et la Californie. Une victoire qui n'avait pas fait l'unanimité chez les Républicains. Rush Limbaugh, animateur de radio connu pour ses positions conservatrices, très écouté par la frange la plus conservatrice de l'opinion, avait mis en garde les auditeurs : "S'il est choisi, il détruira le Parti républicain, ce sera la fin."

La bête noire de Donald Trump 

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John McCain et Donald Trump. © Politico.

Le blog FiveThirtyEight, hébergé par le New York Times, décrit John McCain "comme une épine dans le pied du locataire de la Maison-Blanche." De fait, le sénateur d'Arizona s'est distingué pendant la campagne électorale de 2016 par ses critiques contre Donald Trump. Notamment lors de la polémique sur les parents musulmans d'un soldat américain, tué en Irak en 2004. "Il est temps pour Donald Trump de donner l'exemple à notre pays et au Parti républicain. Bien que le parti l'ait nommé, cela ne lui donne pas le droit de diffamer les meilleurs d'entre nous", avait alors déclaré le sénateur républicain. Des critiques qui ont continué, même après l'accession du candidat républicain au poste de chef d'Etat. Le New York Times a même titré un de ses articles en février 2017, en le nommant "critique en chef de l'administration Trump".

Depuis l'élection du milliardaire comme président, John McCain joue le rôle de "secrétaire d'Etat de l'ombre", comme le qualifie Quartz. En siégeant à la commission des forces armées du Sénat, il a acquis une position qui lui a permis d'être au fait sur les questions de défense et de politique étrangère. Depuis l'arrivée de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, les relations entre les Etats-Unis et ses principaux alliés se sont quelques peu dégradées. Le vieux sénateur fait figure de diplomate sur la scène internationale en tentant de limiter le plus possible les dégâts laissés par le nouveau président américain et son secrétaire d'Etat, Rex Tillerson.

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John McCain, sénateur républicain de l'Etat d'Arizona. © Politico

Un exemple. En février 2017, McCain a dû rassurer le premier ministre australien, malmené par Trump lors d'un entretien téléphonique officiel, l'assurant de la solidité de l'alliance américano-australienne. Une autre fois, alors que le président américain remettait en question l'OTAN, il avait "rassuré les partenaires européens sur les 'valeurs universelles' de l'alliance Atlantique".

"McCain ne se contente pas de diverger avec Trump sur les questions de politiques étrangères, il a aussi appelé à la création d'une commission spéciale du Congrès pour enquêter sur les liens entre Trump et la Russie et a exhorté les journalistes à poursuivre leurs investigations sur le sujet", souligne le blog FiveThirthyEight.

Décrit comme un iconoclaste ou homme aigri, il a même été récemment qualifié de "bourru" par le locataire de la Maison-Blanche. Mais John McCain semble s'en moquer. Les relations entre les deux hommes n'ont jamais été au bon point. En 2014 déjà, Trump avait lancé au sujet du sénateur : "C'est parce qu'il a été capturé que c'est un héros de guerre. Moi j'aime les gens qui n'ont pas été capturés."

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Capture d'écran d'une vidéo montrant John McCain au Sénat en train de voter "non" pour l'abrogation partielle de l'Obamacare, vendredi 28 juillet.

Vendredi 28 juillet, il a une fois de plus attiré l'attention sur sa personne et attiré les foudres de son propre camp. Il a en effet voté contre l'abrogation partielle de l'Obamacare, le fameux système de santé, portant ainsi un coup dur au président américain. En apportant sa voix aux côtés des Démocrates, il a montré une fois de plus son indépendance d'esprit et sa fidélité envers ses convictions.

 

Aliénor Vinçotte

Moment de solitude pour Trump : la première dame de Pologne esquive sa poignée de main

Donald Trump est de nouveau raillé sur les réseaux sociaux. Alors que de nombreuses vidéos ont fait le tour de la toile, montrant des poignées de main vigoureuses entre le président américain et d'autres dirigeants, cette fois c'est l'absence volontaire de cet échange formel qui a fait rire les internautes. 

Donald Trump et les poignées de main. Cela pourrait être le titre d'un livre, tant les récurrences sont nombreuses. À l'occasion du G20, Donald Trump a rencontré son homologue polonais, Andrzej Duda, tous deux en présence de leur femme respective. Au moment de saluer le président américain, Agata Kornhauser-Duda, la Première dame polonaise, esquive la main, déjà tendue, de Donald Trump et serre celle de Melania à la place. Un geste visiblement mal interprété par le locataire de la Maison-Blanche à en juger son visage surpris, puis irrité.

Après quelques secondes, l'épouse du dirigeant polonais se tourne finalement vers lui afin de le saluer. Vexé, il fait un signe en direction de la foule avant de quitter le podium, pendant que les deux femmes échangent quelques mots. Trop tard, le mal est fait. Au point qu'Andrzej Duba se sent obligé de se justifier sur Twitter afin d'éviter l'incident diplomatique.

Une façon d'asseoir son autorité 

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Cette poignée de main n'est pas sans rappeler l'échange vigoureux entre Donald Trump et Emmanuel Macron. Lors de leur première rencontre, le 25 mai dernier à Bruxelles, les deux dirigeants s'étaient livrés à un rapport de force, en toute virilité. A l'issue de plusieurs secondes, les yeux dans les yeux, le président français était alors sorti "vainqueur" de cet affrontement, selon la presse américaine.

Des sourires pour la forme 

L'occupant de la Maison-Blanche est réputé pour broyer la main de tous ceux qu'il rencontre. Si Emmanuel Macron lui a tenu tête, tout le monde ne peut pas en dire autant. Le 10 février dernier, devant les objectifs des photographes, le premier ministre japonais Shinzō Abe, a eu la main écrasée pendant 19 longues secondes par le président américain. La fin de l'échange physique a sonné comme un soulagement pour l'agent diplomatique japonais. 

Yelen BONHOMME-ALLARD

Détenu en Corée du Nord, un étudiant américain est rapatrié dans le coma

Condamné en 2016 par la Corée du Nord, Otto Warmbier, a été libéré et reconduit vers les Etats-Unis. L'étudiant américain âgé de 22 ans, est arrivé hier à Cincinnati dans le coma, après 17 mois passés derrière les barreaux. En janvier 2016, il avait été arrêté par les autorités nord-coréennes et condamné à quinze ans de travaux forcés pour le vol d'une affiche ornée d'un slogan politique, dans un hôtel de Pyongyang où il séjournait.

Que s'est-il passé durant sa détention pour plonger Otto Warmbier dans le coma ? Parti en Corée du Nord dans le cadre d'un séjour organisé pour le nouvel an, Otto Warmbien a été rapatrié, ce mercredi aux Etats-Unis, pour des raisons "humanitaires".

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Otto Warmbier a été rapatrié en avion avant d'être conduit à l'hôpital en ambulance. @AP Photos

Peu de temps après son arrivée en Asie, l'étudiant américain a été arrêté puis condamné par la Cour suprême nord-coréenne à quinze ans de travaux forcés. Une sanction sévère pour le simple vol d'une affiche ornée d'un slogan politique, accrochée dans un hôtel de Pyongyang. Lors de son procès éclair, moins d'une heure, la justice l'avait alors accusé "d'activités hostiles" à l'égard du pays. Présenté à la presse quelques semaines plus tard, Otto Warmbier avait reconnu, en pleurs, avoir fait "la pire erreur de (sa) vie".

Selon les autorités nord-coréennes, Otto Warmbier aurait contracté une forme de botulisme, une affection neurologique grave et s'est vu administrer un somnifère qui l'aurait plongé dans le coma. "On nous a informés qu'il est dans cet état depuis mars 2016 mais nous l'avons appris il y a une semaine seulement", confiaient les parents du jeune homme. Ces derniers affirment également que leur enfant aurait été brutalisé pendant sa détention.

Hospitalisé à Cincinnati, Fred Warmbier, a informé que l'état de santé de son fils est stable mais qu'il souffre d'une sévère lésion neurologique. "Ils sont brutaux et terroristes, s'est-il exclamé. Nous voyons les résultats de leurs actions avec Otto". 

Au cours de ces dix dernières années, au moins 17 Américains ont été détenus en Corée du Nord et trois d'entre eux se trouvent toujours derrière les barreaux.

Yelen BONHOMME-ALLARD