Réchauffement climatique : la production de café mexicain est en péril

Cette semaine, nous vous emmenons au Mexique dans la région de Veracruz, où les agriculteurs continuent de subir les conséquences du réchauffement climatique. Le pays, troisième producteur mondial de café, a perdu 60% de sa production en cinq ans.

Dans la région de Veracruz, à 1 200 mètres d'altitude poussent les plants de café à l'ombre des ficus géants. Au moment de la récolte, les paysans cueillent les fruits les plus mûrs de couleur rouge. C'est à l'intérieur que se trouvent les grains de café. Mais en raison du changement climatique, le Mexique a perdu plus de la moitié de sa production de café en cinq ans.

Les variations météorologiques (augmentation des températures en été, et fortes pluies en hiver) sont responsables de l'apparition d'une maladie du café très connue dans le pays : la rouille. Mais cette dernière n'était jamais arrivée jusqu'à cette altitude. Elle se présente sous la forme de petites taches jaunes.

Le climat perturbe un autre élément indispensable à la production du café : les abeilles. En butinant de fleur en fleur, les abeilles permettent au café de se reproduire. Mais le nombre de ces insectes diminue considérablement, à cause des pesticides et du climat.

Des solutions face à l'urgence

IMG_6944

Pour palier à la perte de milliers d'hectares de café, des arbustes plus retissants sont actuellement replantés. Cette nouvelle variété est conçue par des ingénieurs agronomes français basés en Provence. Ces plants d'arabica sont des hybrides insensibles à la maladie et adapter aux changements climatiques.

Après le passage de notre équipe de journalistes, Ruben Rodriguez, un producteur de café a décidé de baptiser une parcelle de son exploitation du nom de "France 2". Une délicate attention saluée par toute la rédaction de Washington D.C.

Reportage d'Agnès Vahramian, Arielle Monange et Andréane Williams.

"Les Américains ressentent désormais les effets du changement climatique"

Le New York Times a obtenu une copie d'un rapport fédéral démontrant l'impact des activités humaines sur le climat. L'étude, publiée sur le site du quotidien américain hier, n'a toujours pas été approuvée par l'administration Trump et contredit la position de la Maison-Blanche sur les changements climatiques. 

Les températures moyennes aux Etats-Unis ont augmenté rapidement et de manière importante depuis 1980. Ces dernières décennies auraient d'ailleurs été les plus chaudes depuis 1500 ans. C'est ce que souligne un rapport fédéral sur le changement climatique réalisé par des scientifiques américains de treize agences environnementales. "Les Américains ressentent dès à présent les effets du changement climatique", rapporte l'étude de 500 pages.

"Les preuves d'un éventuel changement climatique se multiplient, venant du haut de l'atmosphère jusqu'aux profondeurs des océans", note le rapport. Les auteurs de ce projet précisent que des milliers de recherches, conduites par des centaines de scientifiques, ont relevé des changements climatiques sur la terre et dans l'air. "De nombreuses preuves démontrent que les activités humaines, en particulier les émissions de gaz à effet de serre, sont les principaux responsables des récents changements climatiques observés", expliquent les spécialistes américains dans leur rapport.

Une administration américaine climatosceptique 

D'après le New York Times, ce document "contredit directement ce qui est soutenu par le président Trump et les membres de son cabinet qui affirment que la contribution humaine au changement climatique est incertaine, et que la possibilité de prévoir ses effets est limitée."

Ce rapport, intégré à l'évaluation nationale sur le climat aux Etats-Unis, est réalisé tous les quatre ans. "Ce rapport est important parce qu'il est réalisé à la demande du Congrès. J'espère qu'il sera approuvé", indique Jim Kossin, un des auteurs du rapport et membre du National Centers for Environnemental Information (NCEI). 

Le professeur en Géosciences et Affaires Internationales à la prestigieuse université de Princeton, Michael Oppenheimer, se montre plus pessimiste. "J'ai le pressentiment que l'administration Trump fera fi du rapport et je doute qu'il puisse affecter sa position sur les changements climatiques", confie-t-il.

La semaine dernière, le gouvernement américain avait confirmé par écrit auprès de l'ONU sa volonté de se retirer de l'accord de Paris* sur le climat. Il a toutefois précisé que le pays continuerait à participer aux négociations internationales. Donald Trump honorait ainsi l'une de ses promesses électorales, en retirant les Etats-Unis de ce traité signé en décembre 2015 par 195 pays à Paris.

Aliénor Vinçotte

*L'accord de Paris visait à engager les pays du monde entier vers une réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius.