Chine/États-Unis : la guerre des taxes frappe le soja

Les États-Unis ont confirmé qu'ils appliqueraient une surtaxe de 25% sur une centaine de produits chinois à partir du 6 juillet. Pékin répliquera en taxant notamment le soja. Un vrai souci pour les producteurs américains qui exportent un tiers de leur récolte vers la Chine.

Le soja américain est pris dans la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. L'agriculture est un secteur clé : près de 3 millions d'emplois en dépendent. La Chine est le principal client de cette céréale : elle importe 33% de la production nationale. 25% de droits de douane en plus sur le soja exporté, c'est une énorme perte pour ces agriculteurs : "On est très inquiets, parce que ces droits de douane vont rendre nos produits plus chers,explique Jay Magnussen, agronomiste chez Archer Coop. On aura moins de commandes à l'export, et donc au final, on va perdre de l'argent"

"Le Président Trump cherche un accord comme il l'a fait dans ses affaires"

Ces dernières semaines, le prix du soja a déjà baissé de 12 %. Pour les Kimberley, fermiers de Maxwell, dans l'Iowa, "Les Chinois savent parfaitement ce qu'ils font quand ils nous visent. Ils savent que le Midwest, c'est le coeur des supporters de l'administration Trump". Comme les Kimberley, la majorité des fermiers ont en effet voté ici pour Donald Trump, et continuent de le soutenir aujourd'hui. "Le président Trump cherche un accord comme il l'a fait dans ses affaires. Maintenant, il le fait en politique", analyse Grant Kimberley. Certains agriculteurs sont donc prêts à supporter le cout des représailles chinoises pour le "bien" de leur pays. La Chine doit appliquer ses taxes douanières le 6 juillet prochain.

Reportage d'Agnès Vahramian, Thomas Donzel, Courtney Vinopal et Fabien Fougère

République dominicaine : le succès des bananes bio

La République dominicaine est le premier producteur mondial de bananes bio dont la qualité est garantie pars des contrôles très fréquents.

Avec ses 12 000 ha de bananeraies, la République Dominicaine est le premier producteur de bananes biologiques au monde. Chaque année, 250 000 tonnes de fruits quittent les champs transportés par des câbles, tyroliennes géantes. La moitié de la production se retrouvera en Europe. Depuis vingt ans, les dominicains produisent bio de manière industrielle. Ils ont développé un réel savoir-faire en la matière. L'Union européenne fait contrôler les produits phytosanitaires plusieurs fois par an et dans toutes les exploitations. Il est facile de décerner une plantation bio, la nature y garde ses droits. Les produits utilisés dans les champs sont régulièrement homologués.

Guerre commerciale

La République dominicaine est aujourd'hui en surproduction au point de devoir vendre certaines bananes sous la bannière "conventionnelle", c'est-à-dire non bio. Le bio répond pourtant à une demande croissante des consommateurs. Cela fait du tort à la concurrence antillaise qui traverse une période difficile. Ses champs sont parfois dévastés après les ouragans et la justice a interdit l'utilisation de l'étiquette "mieux que le bio". Entre les Antilles françaises et la République dominicaine, une véritable guerre commerciale est engagée sur un fruit qui constitue leur principale ressource.

Reportage de Jacques Cardoze, Laurent Desbois, Andreane Williams, Arielle Monange

Arizona : les fermes de la démesure

Aux États-Unis, les méga fermes prolifèrent. France 2 vous emmène à la visite de l'une d'entre elles en Arizona.

Au pied des montagnes de l'Arizona, en plein milieu du désert, une immense ferme s'étend sur 600 hectares. Des champs de céréales entourent les nombreux enclos qui abritent les 3 600 vaches de cet élevage géant. Une surface qui permet de préserver suffisamment d'espace pour ces animaux, qui ne donnent jamais l'impression de vivre les uns sur les autres.  Jim Boyle est le genre d'éleveur qui ne circule qu'en voiture pour rendre visite à ses bêtes. Toutes ses vaches laitières sont réparties selon leur âge, ce qui lui permet de mieux gérer leur alimentation : "Ici, on a quatre parcs avec 1 200 vaches. Ces enclos de part et d'autre bénéficient chacun d'un régime différent, on adapte les recettes en fonction des besoins des vaches.  Malgré le nombre, on arrive à faire de la microgestion en termes de vitamines, de nutriments, et farine d'amidon", assure-t-il.

Une partie de l'alimentation pousse d'ailleurs juste à côté des enclos, dans des champs. Ici, Jim cultive des dizaines d'hectares de légumineuses et de maïs. Les repas des animaux sont servis à la pelleteuse. Chaque monticule correspond à un aliment différent : luzerne, paille d'orge... La pelleteuse prélève une quantité précise de chaque sorte d'aliment avant de tout mélanger dans une grande bassine. On y ajoute de l'eau, puis il est temps de servir le troupeau, à l'aide d'une machine agricole. Jim nous garantit que ses vaches ne mangent que des ingrédients naturels, mais ce n'est pas forcément le cas partout aux États-Unis. En fait, cela ne dépend pas de la taille de la ferme, mais de la philosophie des éleveurs.

Reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini, Arielle Monange et Andreane Williams

Salvador : les pesticides hors la loi

Cette semaine, nous vous emmenons, au Salvador où depuis quatre ans le pays interdit l'utilisation du glyphosate, ainsi que 53 autres produits chimiques jugés dangereux pour l'homme.

Le Salvador, le plus petit État d'Amérique centrale, révolutionne son agriculture et défie les géants de l'agroalimentaire. Il a chassé les pesticides et supprimé les semences des multinationales telles que Monsanto. L'objectif du pays est de nourrir la population seulement avec du bio. Le riz, les haricots, les lentilles et le maïs sont donc cultivés sans produits chimiques.

Les anciens guérilleros apprennent alors aux paysans à se passer de pesticides. Aujourd'hui au pouvoir, ils ont interdit 70 pesticides, dont ceux de Monsanto. Manuel Abalinga, maraîcher, reconnait que sa production est moins rentable depuis qu'il cultive ses fruits avec des fertilisants naturels. Mais il espère qu'un jour, la qualité de sa production sera reconnue au détriment de sa quantité.

Le rêve d'une agriculture saine 

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Le gouvernement salvadorien aimerait que les agriculteurs bannissent définitivement les pesticides. C'est pourquoi, il leurs envoie gratuitement des sacs de graines de maïs, protégées des insectes grâce à une teinture rose. Pourtant, plusieurs paysans continuent d'utiliser les semences de Monsanto, qui rapporteraient deux fois plus d'argent et augmenteraient la taille des épis de maïs.

Aucun chiffre fiable n'existe sur le nombre d'exploitations converties au bio. Monsanto n'a pas souhaité s'exprimer sur l'interdiction de ces pesticides. Les guérilleros entament donc un long travail de conviction auprès des paysans, avant de parvenir, un jour peut-être, à une agriculture saine et autosuffisante.

Reportage d'Agnès Vahramian, Régis Massini, Andréane Williams et Niel Brandvold.