Personne ne sait encore aujourd'hui combien de victimes aura fait l'écrasement par l'Armée du mouvement étudiant, en juin 89. Le régime chinois s'en tient à un bilan officiel de 200 morts, dont 36 étudiants, que personne ne prend vraiment au sérieux alors que les associations de droits de l'homme étrangères parlent de plusieurs centaines de morts, voire plusieurs milliers. Mais vingt ans après, c'est toujours la chappe de plomb, les autorités refusent d'aborder le sujet et interdisent aux Chinois d'en parler.
Zhao Ziyang, lui, rompt le silence à titre posthume. L'ancien premier secrétaire du Parti Communiste, limogé et placé en résidence surveillée le 19 mai 1989 pour s'être montré trop complaisant à l'égard des étudiants, a écrit ses mémoires clandestinement. Il les a ensuite enregistrées sur des cassettes qu'il a fait sortir de sa maison avant sa mort, en 2005.
Ces mémoires viennent de sortir en librairie mais sont évidemment interdites en Chine. L'homme et ses principes réformistes font encore peur au Régime...
Son ancien secrétaire politique est toujours en résidence surveillé, nous l'avions rencontré chez lui avant que la Police ne l'envoie à la Montagne pour quelques jours.
Reportage de Pascal Golomer et Sylvain Giaume