Parti du port d'Arkhangelsk, sur les bords de la mer Blanche, le navire a été pris dans une tempête, en pleine nuit. Il transportait des tuyaux d'acier destinés au gigantesque chantier de construction du complexe gazier de Sabetta, sur la presqu'île de Yamal, au nord de la Russie.
Sur la passerelle l'un des marins filme la scène. Le bateau tangue de plus en plus et les câbles qui retiennent les tuyaux empilés les uns sur les autres semblent bien fragiles. Sur la bande son on entend les hommes d'équipage qui s'inquiètent. Et ce qui devait arriver finit évidemment par arriver: sous le poids des tuyaux et la force des vagues les câbles se rompent et les tuyaux tombent dans les flots. Sous les jurons et les éclats de rire des marins impuissants qui, en aucun cas, ne peuvent intervenir. Bien trop dangereux, sur cette mer démontée, que de tenter de sauver la cargaison.
"Ah, ça, dit l'un d'entre eux, c'était bien arrimé ! Nous en Russie pour arrimer les choses, on est forts !"
Il ne restait plus au Valery Vassiliev que douze heures de navigation pour arriver à Sabetta.
Le gigantesque complexe de Sabetta est l'un des plus importants chantiers actuels en Russie. On y construit un centre de liquéfaction du gaz naturel. La société française Total est l'un des actionnaires du projet. La mise en service est prévue en 2017. A terme ce sont 16,5 millions de tonnes de gaz liquéfié qui devraient être produites ici. Elles seront transportées dans des méthaniers, construits tout spécialement. Et qui eux, du moins on l'espère, tiendront mieux la mer.