25 ans après l'effondrement de l'URSS, l'église orthodoxe en marche

Photo @a.myakishev

"La religion, disait Karl Marx, c'est l'opium du peuple". Vingt-cinq ans après la dissolution de l'Union soviétique l'église orthodoxe a retrouvé la place qui était la sienne à la droite du tsar, pardon, du président de la Fédération de Russie. La pratique religieuse n'est plus interdite ou déconseillée comme elle l'était sous le régime communiste, bien au contraire, elle est encouragée par le pouvoir.

Capture d’écran 2016-07-05 à 15.45.40

Dmitri Medvedev, son épouse Svetlana, Vladimir Poutine et Sergueï Sobianine, le maire de Moscou, à la messe de Pâques à la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou.

Pas une fête orthodoxe, comme Noël ou Pâques, sans que Vladimir Poutine n'assiste à la messe au côté du Premier ministre, Dmitri Medvedev. Et il en va de même avec tous les membres du gouvernement, les responsables régionaux, les députés. Même les communistes, à commencer par le premier d'entre eux, Guennadi Ziouganov, ont tourné le dos à l'athéisme officiel qu'ils ont pourtant professé avec ferveur pendant des décennies. Il déclarait récemment que "si Jesus existait aujourd'hui il serait membre notre parti et défilerait avec nous dans nos manifestations".

Les fidèles de toujours, ceux qui pratiquaient en secret, ont vite retrouvé le chemin des églises et entraîné derrière eux les nouveaux convertis. Ils sont chaque année plus nombreux à participer aux pèlerinages qui se déroulent désormais sous la bénédiction des autorités locales. C'est le cas notamment de celui de Velikorets (Voir carte), dans la région de Kirov, à un millier de kilomètres au nord-est de Moscou. En six jours les pèlerins parcourent pas moins de cent vingt kilomètres.

Nous nous y sommes rendus au début de l'été comme vous pouvez le voir dans ce reportage diffusé dans Télématin

Capture d’écran 2016-07-05 à 15.37.15

Vous pouvez également admirer les photos d'Aleksey Myakishev, un photographe originaire de la région qui, depuis des années, suit cette longue procession.

Capture d’écran 2016-07-05 à 15.51.19

Photo: @a.myakishev

La légende veut qu'un paysan de Veliokorets, au XIVème siècle, ait aperçu dans la forêt une icône de Saint Nicolas. Ce ne pouvait être qu'un signe divin. Très vite, on bâtit une église pour l'abriter. Et les miracles, dit-on, se seraient succédés.

La nouvelle n'a pas tardé à se répandre et, dès le XVIème siècle, sous Ivan le Terrible, il fut décidé que l'icône sainte serait entreposée dans la capitale régionale de Khlynov (qui plus tard prit le nom de Viatka, puis celui de Kirov, puis à nouveau celui de Viatka). Les habitants de Velikorets, auxquels on n'a sans doute pas demandé leur avis, n'ont obtenu alors qu'une promesse: qu'une fois par an, aux premiers beaux jours, l'icône revienne dans leur village afin qu'ils la vénèrent l'espace d'une journée. C'est ainsi qu'est née cette procession.

A l'époque soviétique la milice et les jeunesses communistes faisaient la chasse aux pèlerins qui devaient se cacher dans le forêt et dans les champs pour échapper aux poursuites. Depuis le début des années 90 et le retour en grâce de l'église le nombre de marcheurs ne cesse d'augmenter. Ils étaient 26 000 cette année.