1. Les populistes sous le plafond de verre
Depuis 10 ans, les nationalistes et populistes des Démocrates de Suède (SD) engrangent des gains importants à chaque scrutin. Cette fois, ils progressent encore de 4,7 points par rapport aux législatives de 2014, mais leur score (17,6%) reste très en deçà de leur objectif, qui se situait entre 20 et 30%. Ils avaient pourtant donné le ton de cette campagne et imposé leur priorité : la loi, l'ordre et l'immigration. Leur atout? Malgré des résultats positifs en matière d'accueil, largement occultés par le SD, la perception négative dans l'opinion concernant la présence des immigrés, devait favoriser les sirènes populistes. Rappelons que la Suède a accueilli plus de 350.000 migrants depuis 2014 (pour 9,9 millions d'habitants). Mais si Stockholm a été l'un des derniers gouvernements à fermer sa porte, les chiffres des demandeurs d'asile ont depuis largement chuté. L'an dernier, 35.000 migrants, essentiellement Syriens ont décroché leur statut de réfugiés et cette année les prévisions évoquent le chiffre de 25.000 personnes. Par ailleurs, l'amalgame insécurité/migrants n'a pas fonctionné dans les grandes villes du pays, restées largement réfractaires à l'idéologie du SD. En revanche, dans la petite commune de Horby (15.000 habitants) où le nombre de réfugiés (surtout de jeunes Afghans) est insignifiant, le score de populistes a atteint les 36%.
2. La défaite historique des sociaux-démocrates
Comme partout en Europe, la social-démocratie est en crise et cherche à se renouveler. Si les sociaux-démocrates suédois perdent 3 points, ils résistent pourtant au "dégagisme" ambiant. Sur le thème de la préservation de l'état-providence, leur crédibilité par rapport aux populistes est manifeste. En revanche, leurs lacunes en matière de santé, d'éducation et surtout leur alignement en matière de politique migratoire sur le Danemark (qui a durci ses mesures anti-migrants) ont entrainé une saignée de leurs électeurs à gauche.
3. La crise des partis de gouvernement
Le premier ministre, Stefan Löfven lui-même, veut désormais dépasser la logique des deux grands blocs de gauche (sociaux-démocrates et verts) et de droite (alliance de quatre partis). En effet, ces deux coalitions se tiennent dans un mouchoir de poche, mais le scrutin indique aussi une profonde fragmentation de l'échiquier politique.
La stabilité proverbiale du royaume de Suède appartiendrait-elle au passé?