Des conseillers submergés par les dossiers, peu de perspectives d’emploi, de mauvais rapports avec les employeurs, voilà l’image que l’on se fait de Pôle Emploi. Et pourtant, une comparaison avec nos voisins européens montre que la situation est loin d’être si tranchée.
Avec un record historique de 3,5 millions de chômeurs, l’emploi en France semble pris dans un engrenage infernal. Une question se pose : et si c’était la faute de Pôle Emploi ? La réputation du service chargé d’accompagner les chômeurs n’est déjà pas brillante. L’an dernier, un sondage de l’IFOP rapportait que seul un Français sur dix faisait confiance à Pôle Emploi pour lui trouver un travail.
Cette méfiance est compréhensible quand on sait que la dernière étude de l’IGF sur le sujet – en 2010 - évalue à moins de 5% le retour à l’emploi mensuel grâce au service français. En comparaison, au Royaume-Uni il était alors à plus de 8% et de 9% en Allemagne.
Ces résultats signifient-t-ils que la Bundesagentur für Arbeit, le Pôle Emploi allemand, est deux fois plus efficace que son équivalent français ? Pas sûr. Entre le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, les différents contextes économiques et politiques biaisent ces pourcentages. Un service de l’emploi, aussi bon soit-il, ne peut pas trouver des postes qui n’existent pas. Et justement, étonnant ou non, Pôle Emploi est en réalité un bon élève européen à certains égards.
Champion des contacts « pro »
Alors qu’aujourd’hui, les différents services de l’emploi européens cherchent à multiplier les contacts avec les employeurs, le modèle n’est pas allemand ou suédois, mais bien français. Dans une étude réalisée cette année dans cinq pays européens, la France décroche la première place. 49% des employeurs français interrogés affirment en effet avoir eu des contacts avec Pôle Emploi, contre à peine 33% pour le Royaume-Uni. Cette avance, expliquée par un fort ancrage au niveau local, est un atout indéniable. La multiplication des contacts entre les services de l’emploi et les employeurs tend en effet à favoriser le retour à l’emploi. Notamment dans les cas de chômage de longue durée.
Quel suivi pour les demandeurs d’emploi ?
Pôle Emploi obtient donc une bonne note pour ses contacts avec les employeurs, mais qu’en est-il des demandeurs d’emploi ? Le manque de suivi des conseillers ainsi que la rareté des entretiens sont des critiques récurrentes.
Et c’est vrai, un conseiller de Pôle Emploi s’occupe de plus de dossiers que son homologue allemand quand ceux-ci sont simples, c’est-à-dire lorsque les demandeurs d’emploi sont plutôt autonomes. Mais attention, la tendance s’inverse quand les dossiers sont plus compliqués. C’est alors le conseiller allemand qui devient le plus chargé des deux, avec 70 dossiers contre 56 en France.
Comment alors expliquer cette méfiance des Français à l’égard de Pôle Emploi ? Il faut avouer que ces chiffres ont une limite évidente : ils ne permettent pas de juger la qualité de ces entretiens. On sait par exemple qu’aujourd’hui, l’objectif du service français est de s’orienter de plus en plus vers un suivi par internet. Mais est-ce vraiment une bonne alternative ? On peut se permettre d’en douter. De son côté, le service allemand préfère, lui, de rester au face-à-face.
Bonne ou mauvaise méthode, le principal frein de Pôle Emploi reste la situation économique. Mais même si la conjoncture s’améliore, il y aura encore du travail pour améliorer l’image de Pôle Emploi.