Selon nos informations, qui confirment celles du Figaro, le projet de budget 2015 de la France ne passera pas "en l'état" à Bruxelles. Si aucune modification n'est apportée par Paris dans les jours qui viennent, la France pourrait donc être recalée par la commission européenne, à la fin du mois d'octobre; c'est à dire avant l'entrée en fonction de la nouvelle commission européenne, et donc juste avant l'arrivée de Pierre Moscovici au poste de commissaire aux affaires économiques...
Pourquoi ?
1/ Au delà du fait que la France repousse sans cesse son engagement de repasser sous le seuil des 3 % de déficit, il y a une ligne jaune que la France a franchi : son manque d'effort sur le déficit dit "structurel", c'est à dire les économies pérennes que le gouvernement réalise. La France s'était engagée sur une baisse du déficit "structurel" de 0,8 %. Or, Paris a annoncé que finalement ce ne serait que 0,2 % l'an prochain, 4 fois moins. Plus grave encore : la commission européenne estime, elle, que cette baisse ne sera que de 0,1 %. 8 fois moins !. En clair, la France ne fait aucun effort...
2/ La France invoque des "circonstances exceptionnelles" (faible croissance, faible inflation) pour justifier ses dérapages. Or, là encore, plusieurs sources me disent que cet argument est totalement irrecevable, dans la mesure où l'économie européenne et mondiale est la même ...pour tout le monde !
3/ Enfin, des hauts responsables de la commission trouvent les déclarations de Michel Sapin ("Bruxelles doit aussi prendre ses responsabilités") très "mal venues", pour ne pas dire plus...
Que va t il se passer ?
Pour tenter de sortir la France de cette ornière, des discussions ont commencé au plus haut niveau : François Hollande et Jean-Claude Juncker sont ainsi en contact direct
Notre pays pourrait néanmoins éviter de voir son budget 2015 rejeté à 3 conditions :
1/ Le déficit 2014 ne devra pas être supérieur à celui de 2013, pour montrer que même si elle ne respecte pas ses promesses, la France est au moins "dans la bonne direction"
2/ Le défit "structurel" devra baisser de 0,5 %
3/ Des réformes devront être annoncées ou précisées ...très rapidement !(professions réglementées le 15 octobre ou autres réformes)
Si ces 3 conditions sont respectées, alors la France pourrait éviter l'humiliation du budget "retoqué" : Bruxelles émettra un avis alors "très critique" et les négociations futures auront lieu entre Michel Sapin à Paris et Pierre Moscovici à Bruxelles.
A noter que cela arrangerait fortement la future commission Juncker de ne pas avoir à gérer un conflit ouvert avec la France. Le message qu'envoie actuellement Bruxelles à Paris est "aidez-nous à vous aider !" . Et cela rendrait la tâche beaucoup plus facile à Pierre Moscovici...