En janvier 2009, la Commission Européenne comptait 33.681 fonctionnaires et agents administratifs dans ses effectifs. Formulé ainsi, ça fait en effet beaucoup ! Rentrons donc dans le détail. A titre de comparaison, le Ministère des Finances français emploie autour de 170.000 fonctionnaires. Certes les compétences ne sont pas les mêmes. Il est évident que Bercy a besoin par exemple de plus de ressources humaines pour collecter l’impôt et superviser les 291 milliards d’euros dépensées par la France en 2009. Rappelons qu’à l’heure actuelle il n’y a toujours pas d’impôt communautaire et que le l’UE dispose d’un budget moins important, d’environ 134 milliards d’euros. Donc, tout n’est pas comparable !
Mais enfin, une fois cette nuance précisée, il ne faut tout de même pas perdre de vue que la France est un pays de 62 millions d’habitants alors que l’Union Européenne compte près de 500 Millions d’habitants ! Sans compter que l’administration française n’a qu’une langue de travail. Au contraire, l’UE dispose de trois langues de travail et traduit une grande partie de ses publications dans les 23 langues officielles de l’Union. Alors forcément, ça emploie du monde ! Plus de deux mille personnes rien que pour la Commission. Mais n’est-ce pas le prix à payer pour promouvoir à la fois la transparence mais aussi sûrement la diversité culturelle européenne à laquelle nous sommes tant attachés ?
L’image du mammouth est donc quelque peu déplacée. La Commission peut en revanche être apparentée à une véritable tour de Babel. Les 27 nationalités de l’UE y sont bien sûr représentées et elle compte également dans ses effectifs plus de 600 agents « extra-communautaires », la Commission disposant en effet de représentations un peu partout dans le monde, de la Jordanie à l’Argentine, en passant par le Kenya. Cela n’étonnera personne d’apprendre que la première nationalité représentée parmi les fonctionnaires de la Commission n’est autre que la nationalité belge…L’Italie et la France se disputent la deuxième place, avec 3820 et 3815 fonctionnaires, respectivement !
Et ces fonctionnaires que font-ils ? Leur travail peut être résumé en trois fonctions : d’abord, ils s’occupent de l’exécution et de la supervision des politiques et des programmes d’investissements communautaires : la politique agricole commune, la politique de concurrence et les investissements dans les réseaux de transports et d’énergie pour ne citer que ces exemples. Ensuite, ils préparent les propositions de directives et de règlements qui vont ensuite être débattues au sein du collège des Commissaires avant d’être envoyées au Parlement Européen et au Conseil de l’UE pour discussion et, en définitive, adoption. Enfin, les agents de la Commission sont également mis à contribution lorsqu’il s’agit de réfléchir aux actions futures de l’UE. Cela implique de préparer des rapports qui permettent de faire le point sur un enjeu, de collecter les réactions d’acteurs extérieurs (tels que les consommateurs, l’industrie et les ONGs) en vue de soumettre des propositions au travers des « Communications » ou des « Livres Blancs ». A ce stade, ces démarches n’ont aucune valeur juridique et ne servent qu’à stimuler et à alimenter le débat public. Mal comprise, c’est certainement cette dernière fonction qui relègue parfois la Commission au rôle d’ « usine à papier ».
En bref, on aura compris que le reproche fait à la Commission Européenne d’être un mammouth administratif est exagéré. Aprés, on peut la juger inefficace voire nuisible, mais c'est un autre débat.