Cette question renvoie directement aux ressources et aux dépenses de l’Union Européenne, donc à son budget ! Mais comment l’UE est-elle financée au fait ? Le budget de l’UE est principalement alimenté (à 68%) par des contributions des 27 Etats Membres. Bien sûr, la France et la Lituanie ne contribuent pas de la même manière – mais une même règle est appliquée pour tous. On a privilégié le principe d’équité à une égalité aveugle, la contribution de chaque pays est donc proportionnelle à sa richesse nationale. Ainsi, chaque pays donne chaque année à l’Union l’équivalent d’environ 0.7 % de son Produit Intérieur Brut (PIB). En 2008, la part de la contribution française au budget communautaire était ainsi de 16,95 % du total (soit environ 22 Mds € sur les 129 Mds € du budget européen en 2008), celle de l´Allemagne de 19.67%.
Cela peut paraître beaucoup d´argent, surtout pour ceux qui imaginent que cet argent est seulement utilisé pour payer les fonctionnaires européens. En réalité, seuls 6 % des dépenses sont utilisées pour faire fonctionner l’administration européenne. Les 94 % restant sont alloués à des politiques communautaires de redistribution des richesses entre Etat Membre. Car c´est bien là le projet européen aussi : organiser la solidarité entre pays, notamment envers les plus pauvres pour aider au développement de leurs économies. Ainsi, l´agriculture et le développement rural représentent 42.6% des dépenses de l´Union, la politique de cohésion envers les régions les moins développées, 36.4 % et la compétitivité économique (éducation, innovation), 8.5%.
Derrière ces chiffres se cache donc de l´argent qui retourne dans les Etats membres et profite directement aux citoyens, soit par des investissements dans des projets de développement, soit par un soutien direct aux agriculteurs, aux entreprises, ou aux étudiants. Cependant, pour que cela marche, certains pays donnent logiquement plus que ce qu´ils reçoivent au total, ce sont les contributeurs nets. Ainsi la France est le deuxième contributeur net derrière l’Allemagne. Malheureusement la hauteur des contributions des Etats Membres reste l´objet de négociations politiques voire même de tensions Le Royaume-Uni a longtemps été un des plus gros contributeurs nets. Cependant, depuis le fameux « I want my money back » de Margaret Thatcher dans les années 80, une « réduction » sur la contribution britannique a été acceptée.
Mais plus concrètement, que cela signifie-t-il pour les Français ? Réponse : environ 260 €[1] par an versé par chaque français au budget communautaire. A titre comparatif, chaque français verse environ 570€ par an[2] pour le budget français de la défense. Pourtant, si l’on entre un instant dans la sombre logique dite du « tiroir caisse », on constate alors que la France profite bel et bien des fonds européens. C´est le pays qui reçoit le plus des politiques européennes (presque 14 Mds en 2007 par exemple), en particulier pour ses agriculteurs.
Cependant, s´il est important d´être parfaitement transparent sur l´utilisation des fonds européens et sur ce que chacun reçoit effectivement (ce qui devrait être largement amélioré d´ailleurs), n´est-il pas réducteur de voir l´Europe comme un vulgaire exercice d´équilibrage de comptes d´apothicaires ? Le projet européen n’était-il pas initialement une aventure plus grande et plus noble qu’un bilan financier entre des plus et des moins ? Puissance législative, l’Europe reste aujourd’hui pourtant encore un nain budgétaire. Avec seulement un budget de l´ordre d´1 % du PIB, quand le budget fédéral américain atteint les 20 % du PIB[3], il apparaît bien difficile à l´Europe de répondre à toutes les attentes des citoyens. Par ailleurs, l´allocation de la majorité des fonds de ce micro budget vers l´agriculture est contestable compte tenu de la nécessité d´investir vers des programmes pour la recherche et l´innovation, véritables moteurs de la croissance. Enfin, il faudra bien un jour ouvrir le débat d´un impôt européen qui permettra à l´Union de s´affranchir de cette logique de « retour sur investissement » dans laquelle sont les Etats. Mais il est à parier que cette mesure serait hautement impopulaire, et pourtant….