Idée reçue n°1 : ‘Le Parlement Européen ne sert à rien’

Le Parlement Européen cumule, il est vrai, certaines tares ! Primo, ses députés sont inconnus du grand public et donc peu à même de partager leur travail et leurs discussions avec leurs électeurs. Secundo, les critères menant à la sélection des candidats restent aujourd’hui encore flous. En France par exemple, la constitution des listes des deux grands partis (UMP et PS) a bien montré à quel point les considérations de politiques nationales ou internes aux partis sont prépondérantes au détriment de la compétence ‘européenne’ des candidats. En clair, les partis politiques nationaux (la France est malheureusement loin d’être isolée dans cette pratique) envoient trop souvent au parlement européen des personnalités politiques qu’ils souhaitent écarter de l’échiquier national ou des politiciens âgés qu’il convient de « récompenser ». Conséquence : de l’aveu même d’un président de groupe politique au parlement européen : « dans les députés sortants, un sur trois était réellement à sa place, dans le prochain parlement, cela devrait être un sur deux ». Cela progresse donc, mais le constat est loin d’être réjouissant. Tertio, la couverture médiatique des travaux législatifs du Parlement Européen reste insuffisante et inadéquate face aux enjeux – preuve en est que les Français ne savent pas ce que cette jeune institution fait, au point même d’ignorer que le « Parlement de Strasbourg » dispose de deux sièges, l’un à Bruxelles et l’autre à Strasbourg.
 
Ces raisons sont-elles pour autant suffisantes pour considérer que les travaux des députés européens sont marginaux et inutiles ? Non ! C’est majoritairement la perception du Parlement Européen qui reste aujourd’hui problématique ! Dans les faits, le Parlement Européen est devenu une institution centrale dans le processus décisionnel européen. Son pouvoir se cache derrière la notion technique de « co-décision » qui place en effet les deux chambres législatives européennes sur un pied d’égalité. Cette procédure dont la pratique est aujourd’hui la plus courante – et le sera encore plus avec le Traité de Lisbonne - prévoit effectivement que le Parlement européen (la Chambre représentant les peuples de l’UE) et le Conseil de l’Union européenne (la Chambre représentant les Etats Membres) adoptent conjointement les ‘lois’ européennes.
 
Lors de sa dernière législature, le Parlement européen a ainsi adopté des règlements et directives portant sur des sujets tels que la protection de l’environnement, la protection des consommateurs, les transports, les télécommunications ou encore l’immigration. En étant actifs dans ces domaines, les euro-députés répondent donc aux demandes des citoyens. Mais ces derniers le savent peu.
 
Le Parlement dispose également d’un pouvoir de contrôle vis-à-vis de la Commission européenne. Le président de cette dernière ainsi que la Commission dans son ensemble doivent en effet être approuvés par le Parlement qui peut, à tout moment de son mandat, provoquer un vote de censure envers l’‘exécutif’ européen.  En 2004, le Parlement Européen a par exemple rejeté la candidature de deux Commissaires, dont Rocco Buttiglione, qui avait tenu des propos homophobes.  
 
Le Parlement européen jouit aujourd’hui de pouvoirs certains et il est évident que cette chambre des peuples européens sera incontournable quant aux aboutissements des grands débats politiques européens. Il serait également faux de penser que les questions traitées au niveau de l’Union sont, en quelque sorte, déjà ‘jouées’. L’intensité des débats qui ont entouré l’adoption de la directive services, dite ‘Bolkestein’ – projet que le Parlement européen a dû retravailler – en témoigne. Que l’on soit pour une Europe plus active ou plus discrète, les élections européennes se profilent donc comme une occasion pour chaque citoyen de donner son avis sur la situation actuelle de l’Union et surtout d’influencer ses priorités. Ce qui vaut bien d’aller, le 7 juin, glisser un bulletin dans l’urne.