Réunion informelle des ministres de l'économie à Nice

Bercy avait alerté tous les médias de l'hexagone sur le thème "vous allez voir ce que vous allez voir", la réunion informelle des ministres européens de l'économie et des finances (ecofin) sera différente des autres : pas de jargon économique incompréhensible et surtout une position européenne commune sur la récession qui menace notre continent.
En fait, le résultat de ces deux journées de discussion à Nice est bien maigre. Vendredi, les 27 se sont mis d'accord pour laisser jouer les "stabilisateurs automatiques". En clair, chaque pays fait ce qu'il veut (ou ce qu'il peut) en fonction de ses marges de manoeuvre budgétaires. La France, dans ce domaine, fait partie des Etats qui n'ont justement aucune marge de manoeuvre. Notre déficit public devrait d'ailleurs dépasser les 3 % fatidiques parce que - crise économique oblige - les rentrées fiscales ne sont plus au rendez-vous. Au cours de cette réunion, l'Irlande a fait savoir aux autres européens qu'elle devrait elle aussi accuser un déficit public supérieur à 3 %, alors que Dublin était jusqu'à présent en excédent. Cela en dit long sur la gravité de la crise en Irlande, et plus largement dans toute l'Europe. A Nice, un haut fonctionnaire français préfère dire pudiquement : "les effets des stabilisateurs automatiques peuvent être puissants"
Samedi, les ministres se sont penchés sur l'épineux dossier des taux réduits de TVA. Et là, ce fut une nouvelle fois le clash. La France et l'Allemagne sont en opposition frontale. Berlin ne veut pas baisser le taux de TVA sur la restauration. Samedi, le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a d'ailleurs posé toute une série de questions: "Comment compenser la perte de recettes? Quelles garanties a-t-on que le bénéfice soit transmis au consommateur final? Quel impact sur l'emploi? Et selon un participant de la réunion cité par l'Agence France Presse, il aurait ajouté : je n'endosserai aucun taux réduit".
Honnêtement, ces questions sont légitimes. Car les restaurateurs français, aprés avoir dit qu'ils baisseraient leurs prix ont ensuite oublié cette promesse pour une autre : celle de recruter en masse. Et rien ne prouve - à l'avance - qu'ils le feront.
Et si l'Allemagne avait raison ?