Guten Morgen ! Bonjour !
Quatre mois avant les élections fédérales, le parti d’Angela Merkel, la CDU, a remporté un nouveau scrutin test, cette fois-ci dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. La CDU a obtenu 33% des voix contre 31,2% pour les sociaux-démocrates du SPD. Cette victoire est d’autant plus éclatante que cette région était un bastion du SPD: le parti a perdu 7,9 points, c’est le pire résultat jamais enregistré dans la région. Selon la Bild, la CDU aurait reçu 310 000 voix d’anciens électeurs du SPD. La dynamique est aujourd’hui sans conteste du côté de la chancelière, qui briguera un quatrième mandat aux élections du 24 septembre. Alors que Martin Schulz avait très bien commencé sa campagne, il fait maintenant face à plusieurs échecs régionaux : il a aussi perdu les élections du Schleswig-Holstein et de la Sarre. La Bild titre ce matin : « Schulz coule » et parle d’un « fiasco ». Le Tagesspiegel rapporte que Martin Schulz considère ce vote comme « un avertissement fatidique » mais qu’il ne se laisse pas abattre : « mon ami Emmanuel Macron était très loin derrière il y a 5 mois, et maintenant il est président », dit-il. Les résultats ont aussi montré une hausse des libéraux du FDP, et du parti populiste, l’AfD, qui entre dans un nouveau Parlement régional. Ce virage à droite peut s’expliquer par les enjeux de sécurité, très présents dans cette région encore marquée par la nuit du réveillon 2015 à Cologne et les ratés des services de renseignements dans l’affaire Anis Amri, le terroriste du marché de Noël de Berlin.
Les projets d’Emmanuel Macron vont-ils se heurter au pragmatisme allemand ?
Le nouveau président français est à Berlin aujourd’hui pour rencontrer la chancelière, avec au menu des discussions un plat principal: l’Europe ! Et en guise de message de « bienvenue », Wolfgang Schäuble, le très orthodoxe ministre des Finances, a expliqué dans le magazine Spiegel pourquoi il pense que les projets de réforme d’Emmanuel Macron ne lui semblent pas réalistes: « si on veut renforcer l’Europe, alors chaque pays doit d’abord faire en sorte de renforcer sa propre économie ». Tonalité différente dans la Süddeutsche Zeitung: « Macron veut donner un coup de fouet à l’Europe. l’Allemagne doit s’assurer d’être à ses côtés. L’Europe a frôlé la mort. Nous n’avons pas besoin de nouvelles promesses vides. Les deux pays doivent travailler ensemble sur un plan qui marche ». Mais le Tagesspiegel appelle à la prudence: « le pragmatisme et le sang-froid doivent être la règle désormais. Il n’y a pas nécessité à se presser. Ce nouveau partenariat doit avancer à petit pas ».
Bonne journée.
Toute l'équipe du bureau de Berlin.