Une victoire sans vainqueur
Le second tour des élections régionales en France fait rarement la une des journaux allemands ce matin: le congrès de la CDU et l’accord sur le climat monopolisent plus l’attention. Mais l’événement n’est évidemment pas passé aux oubliettes, tant le séisme du score du Front National au premier tour continue de se faire sentir. La tonalité générale est que le FN a de toute façon gagné. « Le perdant est le gagnant car le FN poursuit sur sa lancée » (Die Zeit), c’est « une victoire sans triomphe » face à une extrême-droite « forte en coulisses » (Tagesspiegel).
L’hystérie et l’émotion
Pour Die Welt, « l’Europe peut souffler, mais guère plus. Si la France ne change pas, si le mythe Marine Le Pen n’est pas détruit, alors l’Europe est perdue », souligne le quotidien qui, comme beaucoup d’autres, pointe la responsabilité des élites politiques françaises et leur peu d’empressement à mener les réformes nécessaires. Ainsi pour le Spiegel, « la France donne depuis longtemps dans l’hystérie et l’émotion, au lieu d’analyser le succès du FN et de trouver des réponses ».
Et après ?
La presse allemande fait enfin le constat que la France est définitivement entrée dans le tripartisme. Mais elle souligne le risque pour les prochaines échéances électorales. Ainsi, dans le Badische Zeitung: « six millions d’électeurs Front National vont se demander pourquoi ils sont exclus du pouvoir. Le parti pourra exploiter cet argument ». Pour le Spiegel, ce n’est pas concevable qu’un parti qui réunit plus d’un tiers des suffrages ait aussi peu de représentants au Parlement. « Le vrai danger est que cela nourrisse encore plus la frustration et le ressentiment de celles et ceux qui adhèrent aux idées du Front National. En 2017, ils vont de nouveau voter. Et pourraient donc placer leur candidate directement au second tour… »
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