Au pays de la voiture reine et de la vitesse, l'enquête a retenu notre attention. Pour la première fois, une majorité des Allemands se dit prête à accepter des limitations de vitesse sur les portions du réseau autoroutier où il n'y en a pas.
La vitesse illimitée sur autoroute, c'est une exception allemande. Dans le monde, on ne retrouve cela qu'en Corée du Nord, en Afghanistan et sur l'île de Man. Sur les 13.000 kilomètres du réseau autoroutier allemand, 62% ne comprennent aucune limitation de vitesse. Il est seulement "conseillé" de rouler à 130 km/h maximum, mais beaucoup d'automobilistes en profitent pour dépasser allègrement les 200... Gare à celles et ceux qui ne roulent pas assez vite sur la file de gauche ! L'automobile est reine en Allemagne et la vitesse est son héritière, les constructeurs allemands sont d'ailleurs mondialement réputés pour leurs grosses cylindrées. Pour un Allemand, la puissance est l'un des critères les plus importants lors de l'achat d'un véhicule.
Mais les choses sont peut-être en train de changer. Un sondage publié il y a quelques jours nous apprend que, désormais, 56% des Allemands sont favorables à l'instauration de limitations de vitesse, partout sur le réseau. Attention cependant: quand il s'agit de savoir quelle doit être la limite, les personnes interrogées mettent la barre haut, à 150 km/h. Si l'on redescend à 130 km/h, comme en France, ils sont de nouveau une majorité à dire non aux limitations.
La partie est loin d'être gagnée pour les associations allemandes de sécurité routière. Qui plaident aussi pour un renforcement des sanctions en cas d'excès de vitesse. Aujourd'hui, il faut dépasser la vitesse autorisée hors agglomération de plus de 41 km/h (soit par exemple 111 km/h pour une limitation à 70) pour risquer un retrait de permis... d'un mois seulement. La police n'est donc pas très bien armée pour faire la chasse aux chauffards, comme on peut le voir dans ce sujet où l'on suit une unité qui opère en civil, dans le flot de la circulation, pour mieux repérer les infractions.
Ce qui peut surprendre dans ce contexte, c'est que l'Allemagne affiche un taux de mortalité routière inférieur à celui de la France, même si une polémique existe sur la prise en compte réelle des accidents qui se produisent sur ces portions d'autoroute sans limitation de vitesse. Mais c'est sans doute un élément important pour comprendre pourquoi il n'y a pas encore eu de vraie prise de conscience sur les dangers de la vitesse. Le lobby de l'automobile est particulièrement puissant dans le pays, et très rares sont les politiques qui osent s'aventurer sur ce terrain. Sigmar Gabriel, aujourd'hui vice-chancelier, s'y était risqué pendant la dernière campagne des législatives, sans beaucoup de succès...