C'est la fin d'une ère à Berlin. Klaus Wowereit a tiré sa révérence aujourd'hui, après 13 années passées à la tête de la ville. "Wowi", comme le surnomment les Berlinois, aura laissé son empreinte sur la capitale fédérale. Pour le meilleur et pour le pire.
1L'aéroport de Berlin-Brandebourg
C'est LE fiasco berlinois. Un aérogare flambant neuf, mais totalement vide... Destiné à remplacer l'antique Tegel, l'aéroport de Berlin-Brandebourg devait être terminé en 2010. Il ne le sera pas avant 2017, voire 2018. On ose même plus avancer de date précise... En cause, une série incroyable de malfaçons dans la construction, notamment sur les normes incendie. Le budget initial de deux milliards d'euros est dépassé depuis longtemps et atteint aujourd'hui plus de six milliards d'euros.
2Le Schloss de Berlin
Un autre exemple de l'incapacité de Berlin à mener des projets à terme, dans les temps et dans le budget... Mais quel beau projet sur le papier ! Reconstruire à l'identique (du moins sa façade), la demeure des Hohenzollern, rasée pendant la dernière guerre. Les travaux devaient commencer en 2010, la première pierre a été posée en 2013. Déjà trois ans de retard, et un budget dans le rouge. C'est donc la course aux financements: il est possible d'acheter un bout de façade, une balustrade, un portail. Du mécénat ou de la vente à découpe ?...
3La transformation urbaine
Il y a ces points noirs, mais reconnaissons que Berlin a réussi a bien encaissé le choc de la réunification. Après la chute du Mur, la ville s'est transformée en un gigantesque chantier. Des quartiers entiers sont sortis de terre, comme la Potsdamer Platz (photo), un no man's land au temps de la partition, désormais l'un des quartiers les plus modernes d'Europe. Une vitrine qui ne doit pas masquer la réalité berlinoise: un taux de chômage près de deux fois supérieur à la moyenne nationale, les dettes de la ville qui s'élèvent à 60 milliards d'euros.
4La ville de la fête
La première Love Parade a eu lieu à Berlin en 1989, juste avant la chute du Mur, réunissant à peine 150 participants. Il y en aura plus d'un million en 2006. Désormais, tous les week-end des milliers de touristes déferlent de toute l'Europe et de plus loin pour profiter d'une vie nocturne foisonnante.
5Les dérives du tourisme "EasyJet"
Berlin est désormais la troisième destination touristique en Europe, derrière Londres et Paris. Et cela provoque de plus en plus de tensions avec des habitants lassés de ces "Easyjet-setters", ces bars qui envahissent les rues au détriment d'autres commerces de proximité, les appartements transformés en locations saisonnières et qui poussent les loyers à la hausse, et même... le bruit des valises à roulettes. D'où ces graffitis peu amènes vus ici et là sur les murs de certains quartiers.
Berlin a changé, l'âme de la ville a évolué. Elle est aujourd'hui qualifiée par certains de ville la plus fun du monde, rien de moins. Et Klaus Wowereit a sans doute le mieux résumé ce qu'elle est aujourd'hui: une ville "pauvre, mais sexy".
ACTUALISATION: voici notre chronique "Sans Frontières" diffusée dans Télématin, lundi 15 décembre, sur cette "révolution" berlinoise: