Initiatives pour prévenir le risque inondation

Inondation, le 09/11/2018, section Salle d'Asile, aux Abymes.

Aucune commune de Guadeloupe n’est épargnée par le risque inondation, qui peut prendre plusieurs formes : crues de rivière, débordements de canaux, eaux de ruissellement non contrôlées, ou submersion marine. En la matière, impossible de pointer du doigt une commune, car les inondations ne s’arrêtent pas aux frontières administratives. D’où les actions concertées menées. La population doit encore faire preuve d’un peu de patience…

Éclairages d’Aude COMTE, Responsable de l’unité « inondation et ouvrages hydrauliques » à la DEAL Guadeloupe (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Extrait sonore de cette interview – zoom sur les versants des Grands Fonds :

LE RISQUE INONDATION EN GUADELOUPE

 

Le terme « inondation » regroupe plusieurs phénomènes :

  • les crues de rivières*;
  • les débordements de ravines sèches**;
  • le ruissellement** (quand l’eau ne s’écoule plus dans les cours d’eau, mais sur les routes et dans les secteurs urbanisés) ;
  • la submersion marine (soit la hausse du niveau de la mer, jusqu’à des zones littorales habituellement hors d’eau).

Toutes les communes de Guadeloupe sont concernées par le risque inondation. Quoiqu’il en soit, des zones sont identifiées comme particulièrement impactées, avec une certaine récurrence. Il y a, sur place, une concentration d’enjeux, qui augmente la vulnérabilité, en comparaison à la situation moyenne du département. En Basse-Terre, les littoraux et les secteurs en aval des cours d’eau sont concernés. En Grande-Terre, il s’agit de secteurs où se concentrent populations et activités économiques : l’agglomération pointoise, les plaines des Abymes, du Gosier et de Morne-à-l'Eau, ainsi que la zone industrielle de Jarry.

Les Grands Fonds sont comparables à un château d’eau, véritable réceptacle des eaux de pluie. Quand ces dernières doivent s’évacuer, elles se déversent principalement sur la zone de « plaine » qui accueille les communes précitées. Or ces territoires plats sont fortement urbanisés, avec des sols imperméabilisés. C’est ce qui explique la concentration des problèmes d’évacuation des eaux.

Face au défi commun de réduire leur vulnérabilité, les communes des Grands Fonds se sont donc alliées et se révèlent particulièrement proactives, tant au niveau local, qu’au regard des initiatives nationales.

 

LES PAPI

 

  • Pourquoi ?

Les Programmes d’action de prévention des inondations (PAPI) sont des démarches partenariales entre des collectivités volontaires et Etat, lancées en 2002, au national, suite à un constat : il existe beaucoup d’actions qui concourent à la prévention des inondations, sous la responsabilité de plusieurs acteurs, à mettre en œuvre à une échelle hydrographique pertinente. Il fallait réfléchir à des applications au-delà des limites administratives de chaque commune, pour axer les actions sur l’ensemble du territoire géographique impacté par le phénomène naturel.

  • Application locale.

En Guadeloupe, six communes se sont engagées dans une démarche PAPI communément ; celles des bassins versant des Grands Fonds (mornes, châteaux d’eau naturels et plaines alentours) : Morne-à-l’Eau, Les Abymes, Le Moule, Sainte-Anne, Le Gosier et Pointe-à-Pitre. Une initiative parmi la centaine de PAPI, sur tout le territoire national. La seul en Outremer. Elle témoigne de la volonté des communes concernées d’œuvrer pour endiguer le risque inondation.

Ce Programme est dans une phase d’étude et de réflexion de trois ans, qui va s’achever fin 2019. Les mesures de prévention des inondations qui vont en découler ne doivent pas se résumer à de petits pansements, ici et là. Il faut une approche approfondie, durable et acceptable des points de vue environnemental et économique. Dès 2019/2020, un programme de travaux structurels sera déployé. D’où le fait qu’aucune mesure ne soit visible sur le terrain d'ici là… à l’exception de campagnes de communication, en cours d’élaboration, à destination des scolaires et du grand public.

La DEAL Guadeloupe agit pour le compte du préfet. Son rôle est important dans l’élaboration des plans de préventions des risques naturels. Face aux inondation, l’Etat accompagne techniquement et financièrement les communes volontaires pour mettre en œuvre des démarches PAPI. Il est donc l’un des principaux partenaires du PAPI des versants des Grands Fonds.

  • Exemple de chantier

Un exemple de chantiers qui pourraient être mis en œuvre, dans le cadre du PAPI : des bassins de ralentissement des écoulements.

Il existe déjà un « barrage écrêteur de crues », en amont du quartier du Raizet, soit à Petit Pérou aux Abymes, sur la ravine « Monchéri ». Cet ouvrage est placé perpendiculairement à l’écoulement. Il a vocation, en cas de pluie, à ralentir le déversement des eaux et à réguler le débit qui s’écoule en aval.

Et en réponse aux riverains situé en amont, qui se plaignent d’être submergés par ces eaux, section « Salle d’Asile »***(voir photo), la DEAL évoque un plan de régularisation administrative en cours : la cuvette (zone susceptible d’être temporairement remplie) sera délimitée. Les activités y seront limitées, en cas d’inondation.

Plus en amont, d’autres solutions restent à trouver et à mettre en œuvre, dans le cadre du PAPI.

 

LES AUTRES PLANS DE PRÉVENTION

 

En l’absence de démarche PAPI, chaque acteur doit assumer ses responsabilités et ses obligations réglementaires. Les maires, par exemple, doivent préparer et organiser la gestion de crise, en cas d’inondation, sur leur territoire, à travers le Plan communal de sauvegarde (PCS)****. Par ailleurs, l’Etat reste responsable de l’élaboration des plans de prévention des risques (PPR) ***. Il réglemente l’usage des sols, en fonction du niveau de risque auquel le territoire est exposé.

Les PCS sont régulièrement mis à jour, à un rythme qui dépend de chaque commune.

Le PPR, quant à lui, retranscrit l’évolution des connaissances. Un programme de révision est d’ailleurs actuellement en cours. Il faut signaler que la Guadeloupe et la Martinique sont les seuls départements de France à être entièrement couverts par des Plans de prévention des risques, de surcroît multirisques ! Une couverture PPR inédite. Cela constitue une vraie opportunité pour la prise en compte des risques dans l’aménagement du territoire.

 

POUR ALLER PLUS LOIN /

A lire les articles « Alerte Guadeloupe » et « Blog des experts » :

* « TUTO : comportement à adopter à la rivière »

** « Le rôle des canaux pour limiter le risque inondation »

*** « Quand l'eau monte... on oublie qu'il y a des risques. »

**** « Les autorités organisent / La population s’informe »

 

Journaliste : Nadine FADEL

Remerciements : La DEAL Guadeloupe - Mme Aude COMTE.