Positionnement critiquable du Pr Costentin sur le cannabis thérapeutique.

Dans le Journal International de la Médecine du 7 Juin dernier, (J.I.M.), le Professeur Costentin, (Professeur émérite de pharmacologie), se lance dans un plaidoyer à charge contre l’usage à venir du cannabis thérapeutique, arguant qu’il va, entre autre, ouvrir la porte à la dépénalisation puis à sa légalisation récréative. Avec tout le respect que je vous dois, je ne peux que m’opposer à votre raisonnement et à votre logique qui s’appuie plus, ou du moins tout autant, sur une vision idéologique que scientifique. Reprenons vos arguments point par point :

 - Je ne m’étendrai pas sur votre introduction où vous évoquez «le désastreux signal de l’autorisation des «salles de shoots» pour les toxicomanes». Votre conception du soin et de la prévention dans le milieu de la toxicomanie me surprend quelque peu.

 - Vous évoquez ensuite le «rapport bénéfices/risques très défavorable» du THC, expliquant que l’effet antalgique de celui-ci se «situe entre celui du paracétamol et celui de l’aspirine, bien en deçà de ceux de la codéine ou du tramadol». Vous oubliez bon nombre d’études démontrant son efficacité dont voici quelques liens :

http://cannabinergy.com/wp-content/uploads/2011/10/Cannabis-in-Palliative-Care-1.pdf, http://www.advancedholistichealth.org/PDF_Files/fibromyalgia.pdf, http://www.cancer.gov/cancertopics/pdq/cam/cannabis/patient/page2, http://jco.ascopubs.org/content/23/13/2886.full, http://www.bmj.com/content/323/7303/13

 - Quant à la comparaison avec la codéine et le tramadol, elle est pour le moins surprenante quand nous connaissons le «pouvoir» addictogène de ces derniers et les mésusages que l’on peut rencontrer dans notre pratique clinique addictologique quotidienne.

 - Puis vous évoquez les effets secondaires et indésirables du cannabis. Certes, ils sont réels et peuvent être parfois problématiques. Mais que dire des effets secondaires des opiacés ! Ces derniers sont, je l’ai déjà dit, terriblement addictifs, leur tolérance est catastrophique et amène à des augmentations de posologie aux effets dévastateurs. La liste des effets indésirables est à mon sens bien plus longue et surtout d’une intensité sans égal avec ceux du cannabis !

 - Comble de votre raisonnement quand vous affirmez que «le THC est une drogue, un agent toxicomanogène, donc une substance génératrice d’une pharmacodépendance, d’une addiction». Merci Mr Costentin, vous nous faites part d’une nouvelle  information, ignorée par le corps médical, les soignants et la société au sens large ! Vous affirmez son pouvoir addictogène, mais vous ne pouvez pas ignorer qu’il est bien inférieur à tous les analgésiques de niveau 2 ou 3. Que dire encore une fois du tramadol ou du tentanyl ? De la codéïne ? Mais la liste est trop longue et vous le savez !

 - Enfin, votre association sur cannabis médical et récréatif est tout aussi saisissante que si nous affirmions que l’utilisation des opiacés avait ouvert la voix à la dépénalisation de l’opium.

Non, Mr Costentin, je ne suis d’accord sur aucun des points que vous développez. Certes, certains vont s’insurger de voir un infirmier s’opposer aussi clairement à un scientifique de renom. Sauf que… vos propos prennent racine dans l’interprétation de données scientifiques parfois erronées, oui, je le répète, erronées et surtout utilisées à alimenter une approche et une vision idéologique et politique de ce produit. Je ne peux reprendre ici un argumentaire opposé mais je vous invite à relire mes différentes publications portant sur mon positionnement progressiste, (certainement tout aussi critiquable), sur le cannabis. Et je suis prêt à en débattre avec vous quand vous le souhaiterez.