Plaidoyer pour une légalisation du cannabis

La sénatrice écologiste Esther Benbassa a déposé, le 28 janvier dernier au Sénat, une proposition de loi "visant à autoriser l'usage contrôle du cannabis". Ce projet de loi  "inclut la dépénalisation".

"Si nous nous organisons pour contrôler la culture du cannabis, les licences, la qualité et les quantités produites, etc… nous tirerons des gains que nous pourrons utiliser pour faire de la prévention dans les écoles…", explique la sénatrice dans une interview accordé au Monde.

Elle rappelle que "2 millions de jeunes fument et 60% des personnes déclarent avoir déjà goûté du cannabis".

Le but est de "donner à l'administration la possibilité de gérer le cannabis, de la culture à la vente", argumente Esther Benbassa.". En impliquant autant l'administration, la proposition de loi vise à combattre les dealers et les mafias. Cette gestion rationnelle de la culture et de la vente du cannabis permettrait aussi des entrées fiscales très importantes ", souligne-t-elle.

La proposition de loi de la sénatrice écologiste intervient peu après que le gouvernement a annoncé le report  le projet de loi Famille. Mais pour Esther Benbassa "ce ne sera jamais le bon moment. […] Alors que fait-on ? Je reste chez moi et j'attends ? Non". La position de la sénatrice est claire : elle ne cédera pas, même si "le gouvernement ne fait qu'occulter les problèmes sociétaux. Il est devenu plus frileux que d'habitude", reconnaît-elle.

Pour appuyer sa proposition de loi, Esther Benbassa rappelle que la consommation en France est l'une des plus élevée d'Europe, d'où le besoin d'agir sur la prévention.

Le sujet reste encore très polémique en France. Les « pro et anti » cannabis refusent de débattre rationnellement. Il est une évidence, l’interdiction ne fonctionne pas, elle stigmatise les consommateurs en les empêchant parfois (souvent) de venir en soins. La loi de 70 relative à la consommation de stupéfiants est dépassée.

Nous sommes le pays qui réprimons le plus en Europe, et pourtant la consommation continue à augmenter de manière régulière. Légaliser le produit, encadrer la vente, mettre en place une prise en charge sortant le cannabis de son caractère illégal me semble la voie la plus sage à prendre.

Oui, j’entends déjà les cris d’orfraie que mon positionnement va susciter. Mais faisons un parallèle avec l’alcool : Qui peut-dire que ce produit est consommé exclusivement pour ses vertus gustatives. Sortons enfin de cette hypocrisie ! Si nous savions fabriquer un vin de qualité égale mais sans alcool, qui le consommerait ? Si nous pouvions annihiler les effets psycho-actifs du Pastis, qui en boirait ? Personne ou très peu ! Oui nous consommons de l’alcool entres autres et peut-être avant tout pour ses effets. Les risques d’accrochages physiques au cannabis sont bien moins importants, sans en cacher sa toxicité. Vivre dans un monde où les drogues seraient absentes revient à croire encore au Père Noel ! Toutes sociétés, et de tout temps, ont eu (et ont) toujours ses drogues, ouvrons les yeux et ne rêvons pas d’un monde sage et polissé ; Ou alors interdisons immédiatement l’alcool, le tabac, voire pourquoi pas, les anxiolytiques et les antidépresseurs ; combien d’hommes et de femmes conduisent sous l’effet de psychotropes ? Ou alors ôtons le permis à ceux qui en consomment, et nous vivrons alors dans des villes quasiment sans monoxyde de carbone et les bouchons ne seront qu’un lointain souvenir que nous raconterons à nos petits enfants !

Et non, bien évidemment légaliser ne fera pas flamber la consommation. Il est partout, dans les villes comme dans les campagnes. N’importe quel jeune peut en acheter à n’importe quel coin de rue. Et il achète, de plus, un produit frelaté, coupé avec des produits encore plus toxiques que le cannabis.

Légaliser, c’est encadrer, contrôler et prévenir, sans peur de la loi pour les personnes potentiellement en difficultés (et qui le sont d’ailleurs déjà !). Légaliser, c’est accepter l’échec de la prohibition. Légaliser, ce serait faire preuve de courage politique et de lucidité. Gageons que ni l’un, ni l’autre ne soient les vertus premières de nos gouvernants.