Paris-Match sert la soupe à Cyril Hanouna

"Je suis Peter Pan" qu'il dit dans la dernière livraison de Paris-Match. Un Peter Pan a la tête d'une société de production dégageant un chiffre d'affaires de xmillions, un Peter Pan visant les 2 millions de téléspectateurs. A part ça Cyril Hanouna est resté un enfant. Un grand enfant avec des enfants pendus à son cou, les siens - ça c'est pour la première de couverture. Pour se mettre à sa hauteur, le photographe Gilles Bensimon a photographié le grand enfant sautant dans une piscine tout habillé. Histoire d'illustrer quelques idiomes collant à la peau du gamin "au caractère bien trempé" et "qui n'hésite pas à mouiller sa chemise". C'est ça Paris Match : le choc des images le poids des mots.

hanouna

De son côté, l'intervieweuse Marie-France Chartier lui sert la soupe à grandes rasades. En deux coups de cuiller à pot le bouillon tourne à l'hagiographie. Cyril Hanouna ? Un gars loyal, franc, courageux, père attentif, copain fidèle - à ses amis d'enfance et à son patron Vincent Bolloré - le petit-fils chéri de mamie Georgette qui aimait le foot et  les "toilettes" de Dalida (L'allusion à une icone gay n'aura échappé à personne). De 7 à 77 ans on ne peut être que fan.  Fan de ce gamin des Lilas, toujours aux côtés de la veuve, de l'orphelin et de "la petite black" qui se fait embêter à la sortie de l'école, généreux donateur de nombreuses associations caritatives (dont celle du Refuge, il l'a rappelé, chargée d'accueillir les jeunes homosexuels/les viré-e-s par leurs parents), en trois mots le chéri - des - exclus.

Chéri - des - exclus  juif tradi imprégné de culture arabe qui, dans le même temps, ne veut pas entendre parler de communautarismes (religieux) : "J'ai la volonté de divertir les gens dans le respect de tous " souligne un des verbatim de l'article. Soit. Sauf que je ne suis plus. Ce concept de "l'ínclusion par le rire " - bravo pour la trouvaille sociologique - qui consiste à - je cite : "Noirs, Blancs, homos, héteros, Arabes, Juifs, cathos, petits, gros...  Pour moi tout le monde est sur le même plan, criticable sans distinguo possible." Ouf, c'est du lourd

  • Drôle d'énumération : pourquoi rire des petits ou des gros par exemple ?
  • Drôle d'humour que celui qui réside à critiquer (humilier ?) sans cesse.

Droit à la critique (l'humiliation ?) protégé par la fameuse LI-BER-TÉ D'EX-PRES-SION. Liberté d'expression dont il partage le goût et l´âge mental avec son public, les fanzouzes. La journaliste Eloïse Bouton en a fait l´heureuse expérience il y a quelques jours, expérience qu'elle a partagée sur son Tumblr Paye ton troll.

LOL AVEC LES #FANZOUZES #CyrilHanouna #LGBT pic.twitter.com/W0J0qlllvU

— PayeTonTroll (@paye_ton_troll) 19 août 2017

Qu'on se rassure, notre Cyril conserve le sens des valeurs, celles du lectorat de Paris-Match : il y a une limite à la liberté d'expression. Malgré sa sympathie pour Elise Lucet, il se dit choqué par le geste de la journaliste, celui d'avoir interpellé micro au poing le pape François au Vatican. On peut se moquer en live des garçons qui draguent sur des sites de rencontre mais l'on est choqué par un travail d'investigation au sujet de la pédocriminalité des prêtres.

Il y a un truc qui n'a pas grandi chez Hanouna : il est resté bas du front.  Tous les pédagogues vous le diront : La répétition fixe la notion. Mais là, c'est drôle, répéter pour la énième fois que certaines représentations légitiment des préjugés qui induisent des comportements et des mots blessants, dangereux, criminels me fatigue. Tout autant que me fatigue le fait qu'un hebdomadaire comme Paris-Match ait réduit cette séquence dégueulasse à "un canular polémique " et son auteur à " un phénomène", un "Inépuisable trublion ". Vive le poids des mots. Reste la séquence finale, à vous tirer les larmes :

"Quand j'etais petit, mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent. Toute la journée je faisais le clown pour ma mère. Le soir, elle disait à mon père : "Cyril m'a changé les idées:" La voilà la clef de l'énigme : si Cyril Hanouna est resté un grand enfant, c'est pour divertir maman. Qui trouvera à redire à présent ?