Dans la tête d’une personne autiste…

Le 2 avril, c’est la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme 1. Après avoir bénéficié du label « Grande cause nationale » en 2012 2, ce trouble profite donc d’une exposition supplémentaire pour tenter de mieux informer le grand public sur ses réalités.

Vous entendrez donc à nouveau que :

Un enfant sur 150 naît avec un trouble du neuro-développement ayant pour conséquence l’apparition de symptômes autistiques. Ce taux a été multiplié par 7 en 20 ans et ne cesse d’augmenter. Pourtant, la prise en charge de l’autisme reste catastrophique dans notre pays, tant au niveau éducatif (très peu de professionnels sont correctement formés) qu’au niveau de la capacité d’accueil (entre 3000 et 5000 enfants et adultes atteints de ce trouble sont pris en charge en Belgique, faute de places). L’âge moyen des diagnostics est de 6 ans, or les études montrent qu’après l’âge de 4 ans, les possibilités d’apprentissage de ces enfants commencent déjà à diminuer. 80% des enfants avec autisme ne sont pas scolarisés et la moitié des enfants ne bénéficient que d’une prise en charge partielle.

Vous entendrez également que :

Parmi les facteurs sous-jacents aux comportements autistiques, on retrouve souvent des particularités sensorielles, et parfois une hypersensibilité. Celle-ci se manifeste lorsque des signaux émis par l’environnement stimulent de façon exagérée l’organisme (un bruit, une voix particulière, une lumière, ou l'odeur d'un parfum par exemple). Il en résulte que la perception de cette stimulation sensorielle est très désagréable pour la personne. S’ensuivent alors des comportements jugés inadaptés : colères, isolement, mains plaquées sur les oreilles, etc., mais qui n’ont pour fonction que d’échapper à cette expérience sensorielle déconcertante.

Pour tenter d'illustrer ces perceptions, des chercheurs en santé se sont associés récemment à des experts des technologies d’information pour créer un jeu vidéo permettant de mieux comprendre ces comportements d’évitement retrouvés chez les personnes avec autisme et hypersensibles. À la manière du jeu de simulation de vie "Les Sims", vous incarnez ici un enfant atteint d'autisme dans un terrain de jeux. En approchant des autres enfants, leurs voix deviennent très vite des cris assourdissants et votre vision devient moins nette du fait de vos difficultés de traitement de l'information. Vous êtes alors obligés de vous isoler pour réduire la "nuisance sociale"… Selon les créateurs du jeu, le but n'est pas tant de recréer cette hypersensibilité perçue, mais plutôt de provoquer le même type de réaction de retrait que chez une personne hypersensible.

Démo du jeu ci-après :

Rappelons que chaque personne atteinte d’autisme présente un ensemble de manifestations symptomatiques qui lui est propre. On ne retrouve donc pas toujours les signes d’une hypersensibilité. Les classifications internationales actuelles 3 se contentent de retenir trois grands symptômes autistiques communs : trouble de la communication, altération des interactions sociales, activités restreintes et comportements stéréotypés. Il n’y a pas UN autisme, mais une constellation de troubles neurodéveloppementaux
complexes et hétérogènes appelés troubles envahissants du développement (TED) ou désordres du spectre de l’autisme (DSA).

 

1. https://www.un.org/fr/events/autismday/

2. https://blog.francetvinfo.fr/dans-vos-tetes/2012/12/20/de-la-perception-de-lautisme.html

3. DSM IV-TR et CIM 10