Tunisie: inflation en hausse, économie en berne

Des employés tunisiens de Téléperformance manifestent devant le siège de la firme française de centres d'appels, à Tunis le 2 avril 2013 (AFP - Fethi Belaid).

L’inflation en Tunisie a atteint 6,5 % en mars 2013 par rapport au même mois de l’année précédente, tirée par une hausse des prix alimentaires. Un record depuis 50 ans. Et le reflet d’une situation socio-économique difficile qui inquiètent les investisseurs.

La hausse des prix des denrées alimentaires (8,8 % en moyenne) a touché en particulier la viande (13,3 %), les huiles (12,7 %), les fruits et légumes (11,2 %) et les produits laitiers (9,3 %), a rapporté l’Institut national des statistiques. La hausse des prix du secteur énergie (électricité, gaz, carburants) a atteint 7,7 %.

Côté croissance, celle-ci s’est établie en 2012 à 3,6 % après une année de récession. Elle est cependant trop faible pour résorber un chômage endémique (17 %) pour une population de 11 millions d’habitants.

Le nombre de sans-emplois, le coût de la vie, le chômage et la misère sont à l'origine de nombreuses grèves et de conflits sociaux, comme celles qui touchent les centres d’appels du français Téléperformance (installé dans le pays depuis 2000). Lequel emploie 5400 personnes sur ses sites tunisiens.

L'incertitude politique, plus de deux ans après la révolution, associée à des vagues de violences et des coups d'éclats de groupes islamistes armés, ont accru la prudence des investisseurs. Résultat, l'économie tunisienne peine à se relever.

Fait significatif : l’équipementier aéronautique français Latécoère, qui dit avoir perdu 18 millions d’euros en raison des troubles, a annoncé le 4 avril qu’il allait réduire sa production de câblage et ses effectifs dans le pays. 200 emplois sur 900 devraient être supprimés sur ses deux sites installés depuis 15 ans à Tunis. La production de la firme, qui travaille notamment pour Airbus et Boeing, doit être relocalisée en France et sur un nouveau site au Mexique. « A l'avenir, l'objectif est de réaliser 40 % de cette activité au Mexique, 40 % en Tunisie et 20 % en France, afin de conserver le savoir-faire», a déclaré le patron de Latécoère, François Bertrand, cité par Les Echos.

De leur côté, que font les politiques tunisiens ? Le président Moncef Marzouki plaide ainsi pour «une nouvelle approche en rupture avec l’ancien modèle de développement». En clair, son «objectif est d’affranchir de la pauvreté deux millions de Tunisiens au cours des cinq prochaines années», a-t-il déclaré le 30 mars. «Croire que l’économie de marché, libérale ou néo-libérale, est à même d’affranchir les Tunisiens, dès le départ, est une idée fausse et périmée», a-t-il ajouté. Tout en prônant un «partenariat vital, réel, pragmatique et honnête» entre l’Etat et une société civile affranchie, sans plus de précisions.

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Publié par Laurent Ribabeau Dumas / Catégories : Non classé