Dans Route End, un nettoyeur spécialisé dans les scènes post-mortem se lance à la poursuite d'un tueur en série mystérieux surnommé "End". Un thriller addictif et glauque qui sent suffisamment bon la pourriture pour avoir titillé l'odorat sensible de Pop Up'.
Ça parle de quoi ?
Traumatisé petit par le suicide de sa mère qu’il découvre pendue, Taji Haruno choisit d’exorciser sa peur de la mort d’une étonnante manière. Aujourd’hui, il est employé d’une société spécialisée dans le nettoyage des traces en tout genre laissées par certains cadavres.
Un jour, son patron l’envoie travailler sur une scène de crime perpétré par un tueur en série. L’homme, qui sévit depuis peu, a un mode opératoire toujours identique : il découpe le cadavre de ses victimes et dispose les morceaux afin de former le mot "END" ("FIN" en VF). Mais en nettoyant la scène, Taji tombe sur le squelette d’un homme caché sous le plancher. Rapidement, l’enquête policière s’oriente vers Koji Tachibana, le patron de Taji, qui a justement disparu. Surpris par cette étonnante révélation sur celui qu’il considère comme son père adoptif, Taji décide d’investiguer de son côté.
Pourquoi on adore
Encore une histoire de tueur en série psychopathe ? C’est vrai, le scénario de Route End ne brille pas par son originalité, mais il n’en est pas moins addictif. Signé du Japonais Kaiji Nakagawa, un jeune mangaka encore inconnu en France, ce thriller psychologique se distingue d’abord par son rythme, soutenu et maîtrisé. Impossible de refermer les deux premiers tomes de cette série (toujours en cours de publication au Japon où cinq tomes sont déjà parus) avant de les avoir terminés, chacun étant ponctué, comme il se doit, par un solide cliffhanger.
C’est évidemment le signe d’un polar réussi, mais l’atout principal de Route End réside ailleurs. Dans ce seinen poisseux, Nakagawa lève le voile sur une profession sujette à tous les fantasmes : nettoyeur de scènes post-mortem. L'occasion pour l'auteur de nous livrer quelques clés sur les motivations qui poussent certaines personnes à choisir ce métier. Pour le héros, Taji, victime d’un traumatisme enfant, comme pour Omi, cet autre employé qui ne peut s’empêcher d’avoir des relations sexuelles dans les pièces qu’il doit nettoyer, il s’agit avant-tout de se confronter avec la mort pour affronter ses propres démons.
En dépit d'un dessin relativement classique, les personnages à la psychologie fouillée et l'atmosphère complètement WTF de certaines scènes font de Route End un manga hautement addictif. Sa réussite : mélanger avec une redoutable efficacité suspens et horreur dans un univers à la fois repoussant et fascinant où la puanteur et les asticots font partie intégrale du décor. C’est glauque et on adore ça !
C’est pour vous si…
… Vous ne vous lassez jamais des histoires de serial killers parce que leur imagination dépasse l'entendement. Et parce que vous vous êtes toujours demandé ce qu’il advenait des scènes de crime, une fois le cadavre emmené. Bref, si vous avez un tropisme pour le morbide complètement assumé.
Route End par Kaiji Nakagawa, deux tomes parus, le troisième sera disponible le 4 octobre aux éd. Ki-oon, environ 190 p. et 8 euros le tome.
Tous les visuels de cet article sont © ROUTE END 2017 by Kaiji Nakagawa / SHUEISHA Inc.