La BD de la semaine : retour fracassant de Conan le cimmérien dans "Le Colosse noir"

Ne l'appelez surtout pas "Le Barbare" ! Si dans votre esprit, Conan est un bodybuilder autrichien au corps huilé et aux phrases monosyllabiques, vous devriez vous précipiter sur cette nouvelle série qui revient aux sources de l'œuvre originelle, celle de Robert E. Howard. Pas la version hollywoodienne qui en fait un "fasciste zen", de l'expression même du réalisateur du film avec Schwarzenegger. Deux albums réalisés par des auteurs francophones sortent en ce printemps, avant une dizaine d'autres qui vont s'étaler sur les prochaines années. L'un d'eux sort du lot : Le Colosse noir, réalisé par le prolifique duo composé de Ronan Toulhoat et Vincent Brugeas.

Ça parle de quoi ?

La princesse Yesmala, qui règne sur Khoraja, n'a pas le choix. Ses généraux ont échoué à sauver son royaume, menacé de toutes parts. Sur les conseils d'un oracle, elle recrute alors un mercenaire qui inspire le respect, ne serait-ce que par son physique. Vous aurez reconnu Conan, aussi à l'aise dans une taverne mal famée que dans les couloirs du palais à repousser les courtisans qui intriguent. Le sera-t-il sur le champ de bataille face aux armées ennemies menées par un sorcier retors ? C'est tout l'enjeu de cet album, à l'intrigue linéaire mais pas simpliste, qui permet à Ronan Toulhoat de nous en mettre plein la vue lors de scènes de bataille pleine page. Le souffle épique se fait tornade, et on est littéralement emporté à chaque planche.

Pourquoi on adore

La collection, supervisée par le meilleur spécialiste français de Howard, voire le meilleur spécialiste tout court, comprendra une douzaine de tomes et pas un de plus, issus de nouvelles écrites par l'auteur dans les années 20. On perd le côté épique popularisé par le film - l'histoire d'un guerrier en slip qui devient roi - pour un ensemble de nouvelles qui brossent petit à petit le portrait d'un mercenaire sans foi, ni loi, mais avec quelques principes tout de même. On peut tout à fait picorer dans la série, mais aussi tout lire pour découvrir le même personnage sous une douzaine d'angles différents. Le premier de la série, La Reine de la Côte noire, dessiné par Pierre Alary, apparaît plus rond et plus "Disneyien" que les gaillards secs et recousus de partout de Toulhoat.

C'est pour vous si...

... Vous aimez boire le sang de vos ennemis dans leur crâne fendu, sur le champ de bataille encore fumant. Non, on avait dit pas de clichés ! Les amateurs d'heroic fantasy seront de la partie, mais aussi tous ceux qui déplorent que la BD d'aventure est un peu en retrait ces temps-ci. On ne peut qu'inviter les cinéphiles à comparer la version papier à celle sur pellicule, et aux amoureux des comics de John Buscema à voir que les Français peuvent faire aussi bien, sinon mieux, que les Ricains. Na !

Conan le cimmérien, tome 2 : Le Colosse noir de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, éd. Glénat, 72 p., 15 euros environ. Il existe une très, très, très belle version en noir et blanc à 30 euros au format plus grand qui vous en mettra plein la vue. Tirage limité à 1500 exemplaires, mais il en reste encore. Le prochain volume, Au-delà de la rivière noire, paraîtra le 12 septembre prochain.