Comment organiser une galette des rois post-11 janvier entre copines avec enfants? Bah, on ne sait toujours pas.
De la marche à la galette (il n'y a qu'un pas)
J'ai marché le 11 janvier dernier avec deux de mes vieilles amies, Célia et Isée, qui ont chacune deux enfants. Nous avons marché sans nos gosses pour toutes sortes de raisons qui n'avaient rien à voir avec un quelconque débat sur faut-il emmener les enfants à la marche ou pas. A l'ancienne donc, bonnets sur la tête et clopes au bec.
A raison de 5 mètres par heure sur le boulevard Voltaire, nous avons eu le temps de nous taire beaucoup, de taper dans nos mains, de chanter très bas La Marseille avec son sang impur honteux qu'on arrivait à peine à prononcer, d'envoyer des baisers aux ninjas du RAID perchés sur les toits et qui nous les ont bien rendus, de faire des 'selfi' mais pas trop, et puis de penser à nos gosses et tout à coup à la Satanée Galette, pfff... tu parles d'une épiphanie. Tourne que tourne les agendas dans tous les sens, on trouve vaguement un weekend où ça pourrait rentrer, samedi en 15. On se quitte, pas joyeuses, toutes retournées par cette marche très calme où nous n'avons pas marché ou si peu, avec un "on se téléphone pour la galette, hein".
Silence radio
Zéro coup de fil de Célia qui est partie skier comme elle sait faire, hors vacances, on ne sait où et combien de temps, pendant que son mari, ce chou total, se cogne les deux enfants 24/24 (on l'adore, ce mari, avec qui elle n'est pas mariée d'ailleurs).
Zéro coup de fil d'Isée, qui est mère-solo, elle, mais un texto qui fait frémir : ON A TOUS DES POUX!
Zéro coup de fil de ma part, je préfère attendre que les autres se décident pour minimiser ma migraine organisationnelle. Malgré la question quotidienne récurrente et finalement agacée de ma fille : "dis, alors c'est quand qu'on tire les rois avec les amis?" et ma réponse trainante, "ça va venir, ça va venir". Pas tellement le cœur à la galette : le nez dans les journaux, l'oreille dans la radio et l’œil sur mon écran, car maintenant que faut-il faire?
Entre temps, il s'est passé presque 15 jours où nous n'avons pas levé la tête de nos guidons, sauf pour regarder soudain passer des convois de police toute sirène hurlante ou des camions de pompiers toute sirène hurlante, avec la crainte que ça recommence. Et puis manger aussi quelques galettes des rois pour patienter, ma fille et moi, et réaliser que c'est toujours elle qui a la fève, même quand c'est pas fait exprès, "je suis veinarde, hein, maman!", couronne vissée sur la tête et grand sourire, cette poulette-épiphanie! La veinarde c'est moi, en vrai.
'In extremis', ce credo de la mère solo
Coup de fil d'Isée à J-3 : "Bon c'te galette, on fait comment? Si c'est chez toi, je te laisse mon aînée à dormir? Mais Célia préfèrera que ce soit chez elle, sauf que rah la banlieue nan c'est trop loin avec les enfants ! Pourquoi tu ris?, bah tu penses pareil!, bon en même temps sa dernière est vraiment toute petite et ça serait plutôt à nous de venir, mais alors l'info du jour c'est que son chou de mari se fait opérer, et alors là, on ne sait plus quoi penser: galette annulée pour Célia?, ou mère momentanement solo en vadrouille à Paris avec deux moutards sur les bras?, bon, tu l'appelles pour voir? Écoute, en fait, on dîne samedi parce que tu comprends leur père me les prend vendredi mais c'est pas son jour habituel, le vendredi, et donc il faut tout que je me réorganise, et donc ça me coupe ma journée de samedi, et puis dimanche c'est mon garçon qui tire les rois chez d'autres amis, bref, je n'ai plus le choix : c'est samedi soir ou c'est l'année prochaine, en fait." héhé!
Ben... à choisir : samedi soir, alors! J'ai la vague sensation qu'un père un peu loin comme celui de ma fille, finalement, ça a un petit côté reposant. Texto à Célia qui ne dit ni oui ni non.
Bref, on ne sait toujours pas.