22 Oct

Rennes : l’ancienne professeure des écoles donne des cours de couture dans un bus anglais

Ce n’est certainement pas qu’un effet de mode. Depuis quelques années, les ateliers de couture connaissent un regain d’intérêt. Pour le plaisir de confectionner ses propres vêtements, mais aussi par souci d’économie, d’écologie. En réaction à une certaine « fast-fashion » dont on connaît les effets dévastateurs pour l’environnement. Ainsi à Rennes, Anne-Christine Chartin a profité d’un long congé parental pour ressortir sa machine à coudre.

Professeur des écoles, elle va pendant 7 ans se consacrer à l’éducation de ses trois enfants. « Et comme je disposais de  plus de temps, explique-t-elle, j’en ai profité pour beaucoup coudre . »

Arrive le moment où, les enfants ayant grandi, Anne-Christine Chartin décide de reprendre son métier d’enseignante. « Il n’y avait pas de poste de titulaire libre à ce moment-là, se souvient-elle. Et puis en réfléchissant bien, je me suis dit : j’aime bien enseigner, si je pouvais enseigner ma passion, ce serait vraiment super ».

Anne-Christine Chartin crée et expose.

Dans un premier temps, la couturière se met à la recherche d’un endroit qu’elle veut original pour installer son atelier. Son choix se porte d’abord sur une péniche. « J’avais rencontré une coiffeuse à Rennes qui possédait un salon de coiffure super sympa sur la Vilaine. Mais à ce moment-là, les autorisations de stationnement étaient bloquées pour cause de réaménagement des voies sur berge. »

Pas besoin de chercher bien loin

Finalement, la solution s’imposera d’elle-même. Depuis quelques années déjà, un bus impérial transformé en Food Truck sillonne le pays de Lorient. Son propriétaire, Anne-Christine Chartin le connaît bien, très bien même. Il s’agit de son frère. « Un jour où je mangeais dans son bus, raconte-t-elle, en regardant autour de moi, je me suis dit : mon atelier, il serait parfait là-dedans. »

Dès lors, son projet va pouvoir se concrétiser. Début 2017, la couturière acquiert son bus anglais qu’elle fait entièrement réaménager. Au rez-de-chaussée, se trouve une petite salle d’attente qui donne accès à un atelier boutique. « C’est là que je travaille sur mes propres créations et que je les expose. » Le premier étage, lui, est destiné au cours. Équipé de machines à coudre, d’une centrale vapeur, et de tout le matériel nécessaire, il peut accueillir jusqu’à cinq élèves maximum.

À l’étage du bus anglais, l’ambiance est studieuse.

Dans le même temps, Anne-Christine Chartin décroche son permis poids Lourd et transports en commun, et suit une formation à l’école de mode Esmod à Rennes.

Son bus anglais fait de l’effet !

Après deux ans passés sur les bancs de l’école, elle peut enfin se lancer dans sa nouvelle activité. Au volant de son bus, l’atelier Impérial, elle ne boude pas son plaisir. « Les gens me font coucou sur la route, les conducteurs de poids lourd et de bus aussi, tout le temps. C’est plutôt agréable, l’accueil est plutôt positif ».

Elle n’a aucune difficulté non plus, à trouver des endroits où installer son bus pour y donner ses cours. Du mardi au vendredi, à Bruz ou sur les parkings de centres commerciaux de la métropole rennaise. Ses élèves, aujourd’hui, ont entre 30 et 60 ans. Ce sont de jeunes mamans, ou de jeunes retraitées très dynamiques. Elles peuvent être débutantes ou couturières confirmées, elles viennent pour profiter du savoir-faire d’Anne-Chrisne Chartin, mais aussi s’affranchir des diktats de l’industrie de la mode. 

« Elles ont envie de créer des vêtements de qualité, qui vont durer, sortir de cette boulimie d’achat qu’on connaît aujourd’hui. Je le ressens aussi parce qu’elles me demandent souvent d’apprendre à customiser de vielles choses. Un vieil imper par exemple, pour lui redonner un coup de jeune ».