27 Avr

À Langonnet, un luthier transforme de vieux meubles en guitares électriques

Installé il y a deux ans à Langonnet, petite commune du Centre Bretagne, Arnaud Haushalter est luthier. Sa spécialité : les guitares fabriquées exclusivement à partir de bois recyclé. Cette matière première, c’est la ressourcerie Ti Récup’ à Carhaix qui la lui fournit. D’anciens meubles en pièces détachées, abîmés ou exposés depuis trop longtemps, et qui sans cela seraient envoyés à la benne.

« Je ne fais pas de tri, explique l’artisan. Je sais que telle essence va être mieux pour telle ou telle pièce de la guitare. Mais je récupère tout, je prends ce qui arrive. »

Du meuble à la guitare

C’est au cours de ses différentes expériences professionnelles que l’idée de se lancer dans une telle activité à germée. Après une formation achevée en 1999, le facteur de guitare a enchaîné plusieurs petits boulots qu’il qualifie d’alimentaire avant de participer à la mise en place d’un projet pilote au sein d’une recyclerie du pays de Redon : la fabrication de meubles à partir de meubles défectueux.

« Il se trouve que ce projet n’a pas perduré. Du coup après cette expérience, quand j’ai pu me mettre à mon compte, j’ai décidé de fabriquer mes instruments avec la même méthode. »

Une année pour convaincre

Un an lui sera nécessaire pour lancer son activité. « Trouver la ressource, créer mes modèles, c’est cette année que tout va se jouer », estime le luthier qui pour s’en sortir, table sur une production d’une dizaine de guitare par an. Vendues entre 1 000 et 1 500 euros selon le modèle, Arnaud Haushalter ne compte pas ses heures pour pouvoir s’aligner sur la concurrence.

 

« C’est le prix d’un haut de gamme d’usine, mais moi, je fais tout à la main, cela me demande près d’un mois de travail. C’est un choix. Mon objectif s’est de proposer des instruments à des tarifs qui restent abordables. »

Il faut près d’un mois à Arnaud Haushalter pour fabriquer un instrument. Des guitares électriques, « j’ai fait un peu d’acoustique, mais c’est beaucoup plus de contraintes, notamment sur le plan hydrométrique », précise-t-il. Chacune de ses créations est unique, fabriquée 100 % à la main et 100 % en bois de récupération, ce qui lui donne des sonorités différentes. « C’est un challenge, il faut oser travailler avec des bois à chaque fois différents. Après, c’est aussi au musicien de faire cet effort. D’accepter d’avoir quelque chose de différent. »

Pour la sauvegarde des essences menacées

Ce discours, le luthier sait qu’il n’est pas toujours facile à attendre. Aussi privilégie-t-il une clientèle locale. Des musiciens avec qui il pourra tisser des liens étroits pour répondre au mieux à ses besoins. Des musiciens avec qui il partage aussi cette même préoccupation pour l’environnement et la conservation de la biodiversité. Dans le cadre du CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), certains bois utilisés pour la fabrication de guitares sont aujourd’hui classés comme espèces en voie de disparition.

« Certaines essences n’existent plus, d’autres sont protégées et n’existeront bientôt plus si on ne fait rien. Maintenant, je suis bien conscient que j’agis à un tout petit niveau. Je ne traite pas des tonnes de bois tous les ans. »

Pour plus de renseignements : l’Atelier du Bois Recyclé.