09 Oct

À Saint-Brieuc, l’ancien artisan-voilier redonne vie aux bâches publicitaires

Loïc Le Béguec dans son atelier aménagé en showroom / Crédit photo : Fabrice Leroy

Dans son petit atelier, installé sur le port du Légué, à Saint-Brieuc, Loïc Le Béguec fabrique toutes sortes de sacs et de transats. En soit, rien de très révolutionnaire. Sauf que pour réaliser ses créations, cet ancien artisan voilier n’utilise qu’un seul matériau : d’anciennes bâches publicitaires.

Cette idée lui est venue il y a plusieurs années déjà, quand il était en activité et fabriquait des voiles de bateaux. « J’avais une clientèle essentiellement masculine, et du coup les femmes se retrouvaient dans mon atelier à regarder le plafond. Du coup, économiquement, pouvoir leur proposer ce genre d’article, pour moi, c’était un petit plus. Cela me permettait également d’occuper mes stagiaires, de leur proposer autre chose que de grosses voiles à monter. »

Reportage : Fabrice Leroy, Jean-Marc Seigner, Christine Pierret.

Intervenants : Sandrine Riou (Responsable du service communication du département des Côtes d’Armor), Loïc Le Béguec (Artisan-voilier) et Marie-Christine Cotin (Vice-présidente CD22 chargée de l’insertion et de l’emploi).

La reconversion

En 2015, l’artisan est contraint de mettre la clef sous la porte. La concurrence est rude dans le monde du nautisme, la grande majorité des voiles sont fabriquées à l’étranger, LoÏc Le Beguec ne peut pas s’aligner sur les prix pratiqués en Asie. « À combien revient une voile à quelqu’un qui va l’acheter au Sri Lanka, et à quelqu’un comme moi qui la fabrique sur place. Économiquement, c’était une folie. »

Heureusement pour lui, ses premiers pas dans la fabrication de bagages l’aident à rebondir. Dans un premier temps, il trouve une aide précieuse dans les Ateliers du Cœur, à Saint-Brieuc, avec qui il travaillait déjà quand il était en activité. « Quand j’avais encore mon entreprise, quand on me commandait des sacs à main ou bagages, moi, je faisais la découpe, eux faisaient la partie couture, avec les voiles, je n’avais pas le temps de tout faire. J’avais d’excellentes relations avec eux. Aussi, je leur ai proposé de poursuivre cette activité au sein des ateliers et à leurs bénéfices. »

Pour une économie circulaire et créatrice d’emplois

Cette collaboration va durer deux ans et demi. Au mois de mai 2018, Loïc Le Béguec décide de voler de ses propres ailes. Son projet a mûrit, l’originalité tient toujours au fait que ses créations sont fabriquées à l’aide de bâches publicitaires, « que des matériaux de récupération, précise-t-il, même les poignées sont faites avec d’anciennes ceintures de sécurité de voitures», mais ceux qui jusque-là était ses fournisseurs en matière première sont devenus ses clients.

« Une entreprise me confie leurs banderoles post évènement, nous définissons ensemble des articles et cette même entreprise les rachète et les propose à leur client. C’est une COM’ Éthique. Je ne révolutionnerai pas l’industrie par mon activité, mais j’espère pouvoir créer quelques emplois et je m’en servirai pour réveiller les consciences. Enfin ça vaut le coup d’essayer. »

La petite histoire d’un transat qui a traversé l’Atlantique, racontée par Loïc Le Béguec.

« La destinataire était Nathalie Criou qui a participé à la dernière édition de La Solitaire Urgo Le Figaro 2018. Lors de l’escale au Légué, je lui avais proposé de fabriquer deux transats avec les cagnards (banderoles) de son bateau et elle a répondu ok. L’un est parti dans le sud de la France, l’autre à San Francisco ou elle vit et travaille. Ce qui m’a particulièrement touché, c’est que Nathalie en participant à la solitaire fêtait également les 10 ans d’une rémission d’un cancer. »