13 Avr

Ils rachètent une ferme pour aider une agricultrice à s’installer

Autour de la table, des voisins, des amis, des paysans, des associés du GFA ; tous ont en commun de soutenir Sophie depuis son installation à Kermelen.

Créé dans les années 70, le Groupement foncier agricole a pour objet de rendre plus facile la transmission des exploitations familiales. Un groupement de personnes, des sociétaires, qui décident de racheter ensemble terres et bâtiments pour les louer ensuite à un agriculteur.

Un financement solidaire pour soutenir l’installation

Ainsi, en 2011, dans le Pays d’Auray, le GFA de Kermelen a permis à Sophie Le Lin de se lancer dans l’élevage de chèvres et la fabrication de fromages. En quelques mois, à l’initiative de deux associations locales, Pourquoi pas et l’Amap de Brec’h, 87 personnes ont réuni 124 200 € pour racheter à la Safer, un bâtiment et 19 hectares de terres agricoles. Une ferme qu’ils louent depuis à l’agricultrice.

« Sophie Le Lin, explique, l’un des six cogérants du groupement, Jérémy Fiedler, c’est quelqu’un qu’on connaissait déjà qui avait travaillé dans des fermes. Elle n’avait pas la somme demandée et comme elle avait plus de 40 ans, elle ne pouvait pas bénéficier de l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs. Habituellement, le GFA est une structure familiale, composée de quelques personnes, mais il s’adapte facilement à ce genre de démarche citoyenne.»

Un placement qui rapporte

Concrètement, le montant de l’achat de la ferme qui représente le capital du GFA a été divisé en 1 242 parts de 100 € acquises par les sociétaires. Tous les trois ans, ces parts peuvent être revendues. En 2015, le nombre d’associés est ainsi passé de 87 à 109. Chaque mois, l’agricultrice verse un loyer au GFA que les sociétaires se partagent de façon égalitaire. 1% de l’investissement réalisé, soit 1€ par part de 100€.

« Ce n’est pas énorme, mais ça rapporte plus qu’un livret d’épargne. Et c’est un investissement d’autant plus sûr qu’on sait très bien que la terre ne se dévalorisera pas. Mais ce qui nous motive avant tout, c’est de pouvoir aider à l’installation, d’éviter qu’une nouvelle ferme ne parte à l’agrandissement. Plus on s’agrandit, plus on touche de prime de la PAC. Et ça se fait au détriment des jeunes agriculteurs qui voient le prix des terres augmenter sans arrêt. »

À ce jour, on ne recense que cinq GFA de ce type dans le Morbihan. Des GFA citoyens. Celui de Kermelen est le seul du Pays d’Auray. Mais, un réseau se met place, d’autres projets de rachat pourraient bien profiter de l’expérience du GFA de Kermelen.