02 Fév

Grain de Sail : le torréfacteur et chocolatier morlaisien veut relancer le transport de marchandises à la voile

Chaque année, 18 ouvriers de l’ESAT des Genêts d’or Morlaix-Lanmeur et 3 monitrices transforment 30 tonnes de fèves de cacao pour fabriquer les tablettes de chocolat "Grain de Sail".

Chaque année, 18 ouvriers de l’ESAT des Genêts d’or Morlaix-Lanmeur et 3 monitrices transforment 30 tonnes de fèves de cacao pour fabriquer les tablettes de chocolat « Grain de Sail ».

Acheminer à la voile depuis les Caraïbes les fèves nécessaires à la fabrication de leur café et de leur chocolat, c’est avec cette idée de départ que trois Bretons ont décidé de créer la société Grain de Sail. Un projet ambitieux mais qu’ils ont décidé de mener pas à pas, en trois étape et qui débute en 2013 avec la production et la commercialisation de café.

« On vient tous du monde maritime, explique l’un des trois associés, Jacques Barreau, et on n’y connaissait rien avant de nous lancer. François Liron qui est à l’origine du projet a été deux fois champion de France à la voile, mon frère Olivier et moi venons de l’éolien off-shore. Comme le café est un produit relativement facile à travailler, cette première phase nous a permis d’apprendre à travailler avec la grande distribution pour faire en sorte que notre projet de voilier soit rentable rapidement et pas dans dix ans. »

Deuxième étape : le chocolat.

Un processus beaucoup plus difficile à maîtriser et qui demande de lourds investissements, ce qui explique le nombre très limité de couverturiers en France. Grain de Sail étant le seul en Bretagne. « Cela veut dire, précise Jacques Barreau, qu’on est les seuls à fabriquer notre chocolat à partir de la fève de cacao. On maîtrise tout.»

Pour développer l’ensemble de leurs recettes, les trois associés n’ont pas hésité à s’entourer de professionnels tels que Charles Chavanette, confiseur sacré champion du monde du chocolat« Si on a pu monter notre projet en à peine un an et recruter les meilleurs chocolatiers, c’est peut-être aussi parce que notre projet sort de l’ordinaire. On cherche à faire du bon, du bio. Mais derrière tout ça, il y a aussi une belle histoire maritime qui est en train de s’écrire. »

Les premières tablettes ont été placées en rayon le 11 juillet 2016 dans les supermarchés du Finistère. Un an et demi plus tard, Grain de Sail en écoule entre 5 et 8 tonnes chaque mois sur toute la Bretagne. Tout est en place donc pour passer à la troisième étape.

Le transport de marchandises à la voile

Les plans du premier bateau de la future flotte de Grain morlaisienne ont été dessinés. Ce sera un voilier en coque aluminium type goélette, long de 22 mètres, avec deux mats, pouvant transporter jusqu’à 35 tonnes de marchandises dans ses cales. Le choix du chantier devrait être connu dans les tous prochains jours pour que le voilier puisse être construit courant 2018 et être opérationnel l’année suivante.

Une goélette pour Grain de Sail

Une goélette pour Grain de Sail

Au départ de Bretagne, il aura pour première mission d’acheminer du vin et de l’alcool jusqu’à New-York. Il rejoint ensuite les Caraïbes pour recevoir son chargement de fèves nécessaires à la fabrication du café et du chocolat Grain de Sail. Un voyage d’un peu plus de trois mois que le voilier effectuera deux fois par an.

Boucle de navigation "Grain de Sail"

Boucle de navigation « Grain de Sail »

« Quelque part, on est assuré que la goélette partira et reviendra les cales pleines dès 2019, précise confiant Jacques Barreau, parce qu’à ce moment-là, on aura suffisamment progressé pour que nos besoins correspondent à sa capacité de chargement.»

Et pas question de s’arrêter en si bon chemin ! Grain de Sail voit loin et rêve d’une flotte de cargos voiliers couplés à l’installation de torréfacteurs et chocolatiers des deux côtés de l’atlantique. Étape après étape, et pour quelques années encore.