26 Oct

À Brest, malgré son succès, le restaurant solidaire La Cantoche va-t-il devoir fermer ?

La Cantoche

Portée par une soixantaine de bénévoles, La Cantoche est un restaurant associatif et solidaire qui chaque jour accueille près de 80 convives, réussit à équilibrer ses comptes, et prévoyait même, cette année, d’ouvrir un deuxième établissement. Ce bel élan pourrait pourtant bien être stoppé net. En cause, une menace d’expulsion.

L’idée d’une « cantine solidaire » germait, depuis un peu plus de deux ans, dans la tête de Thierry Hébert, président de l’association La Cantoche. Après une première expérience dans l’aide alimentaire au sein des Restos du Cœur, lui et quelques-uns des autres bénévoles parmi lesquels Chantal Bouzic, avaient fait le constat que « Certains bénéficiaires, logés dans des hôtels ou vivant dans la rue, n’avaient même pas les moyens de cuisiner ou réchauffer les denrées qu’on distribuait ». 

Au 204 Rue Jean-Jaurès

Après avoir trouvé un local, une ancienne pizzeria située au 204 Rue Jean-Jaurès, l’association s’est donc d’abord attelée à réaménager de fond en comble, salle et cuisine. Chantal Boulic devenue trésorière se souvient : « On voulait faire de ce lieu un endroit convivial, un vrai resto. Les gens sont surpris quand ils entrent ». Après quatre mois de travaux, La Cantoche ouvre le 14 mars 2016. « Avec la construction du tramway, poursuit la trésorière, le quartier avait beaucoup souffert. Beaucoup de commerce avaient fermé. Des projets comme le nôtre ont permis de le faire revivre ».

2, 4 ou 8 euros le menu

Ouvert à tous, la carte est la même pour tous, seul le prix change. 2, 4 ou 8 euros le menu; 1 euro même pour les enfants, chacun paye en fonction de ses revenus. Sur justificatif pour les personnes les plus en difficultés. « Sans ces prix attractifs, la plupart d’entre eux ne pourraient jamais s’offrir une telle sortie » explique la trésorière de l’association.

Contre le gaspillage alimentaire

Côté menus, ceux-ci varient en fonction des approvisionnements. Les produits cuisinés viennent des surplus de denrées alimentaires récupérés auprès des grandes et moyennes surfaces de l’agglomération de Brest, de commerçants, de producteurs locaux. « Des produits qui sans cela seraient partis à la poubelle, déplore Chantal ». Restaurant solidaire, La Cantoche milite également pour une politique du « Zéro déchet ».

Une recette qui plait

Ouvert le midi, du lundi au vendredi, le restaurant ne désemplit pas. « On fait le plein, pratiquement tous les jours. 70 à 75 couverts à chaque service. On refuse même du monde, parfois. Les gens viennent de tous les horizons. Un tiers paye le prix fort ce qui nous permet de régler nos charges, d’équilibrer nos comptes. Et pour les plus démunis, on voit bien qu’il y avait un besoin. Jusqu’à aujourd’hui, on a distribué 416 cartes à des personnes seules ou à des familles ».

Tout semblait donc aller pour le mieux. Il était même question d’ouvrir une autre Cantoche. Il a d’abord été question de Lorient, l’association a finalement jeté son dévolu sur un local à Recouvrance, un autre quartier de Brest. Les travaux avaient même débuté, mais le chantier a dû être stoppé à cause d’une menace d’expulsion qui plane au 204 de la rue Jean-Jaurès.

Le coup de massue

Le 13 septembre dernier, en effet, le bail de 23 mois arrivé à échéance, les propriétaires des murs ont fait savoir qu’il ne le renouvellerait pas. Les raisons de cette décision : un litige à propos d’un dégât des eaux dont chacune des deux parties se renvoient la responsabilité. L’association refusant de quitter les lieux, l’affaire se retrouve devant la justice. On attend maintenant la décision du Tribunal de Grande Instance de Brest qui ne se prononcera que le 20 novembre prochain.

Reportage France 3 Iroise de Maïna Sicard-Cras, Christian Polet, Jean-Michel Boceno et Mickaël Ragot

 

Le 23 octobre, Thierry Hébert, président de l’association La Cantoche, comparaissait devant le Tribunal de Grande Instance de Brest pour avoir refusé de quitter les locaux du 204 rue Jean-Jaurès.

Pour  la trentaine de bénévoles présents à cette audience, cette menace d’expulsion est vraiment difficile à vivre. « L’attente est longue, avoue Chantal Boulic, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Mais on continue, on n’a pas le choix ». Car pour l’association, pas question de s’arrêter en si bon chemin. Même si la décision du tribunal devait les contraindre à fermer La Cantoche au 204 Rue Jean-Jaurès, cela renforcerait la volonté de ses bénévoles d’ouvrir au plus vite à Recouvrance.