Les études de médecine, c'est long. Tout le monde le sait. Comme dans d'autres boulots, on est pressés comme des citrons et toujours sous pression pour remplir les nouveaux objectifs qui parsèment notre parcours : d'abord, il y a le premier concours d'entrée, puis the big concours de l'internat, puis il faut publier des articles, s'arrêter un an pour faire de la recherche - ça fait mieux pour trouver un poste - se trouver le fameux poste de chef de clinique en sortant de l'internat etc etc. Et dans tout ça, certaines jeunes femmes médecins aspirent aussi à autre chose. Se marier, faire des enfants, une vie de famille...
Sauf que, pendant le congé maternité, on ne peut plus remplir notre rôle de citron. Nous ne sommes plus payées par l'hôpital, mais pour autant, l'hôpital n'a "pas de fond" pour payer un remplaçant. Catastrophe. Dans le cas des secrétaires et des infirmières, là, l'hôpital prend les mesures adéquates : elles sont remplacées. Mais dans notre cas, le service doit continuer de tourner avec un médecin de moins. Et ça, la plupart des chefs de service n'apprécient pas du tout - on les comprend-.
"Un élément clef de votre recrutement"
Et c'est pour cela qu'en pleine séance d'un séminaire, un chef de service a vivement conseillé aux femmes médecins de l'assemblée de préciser sur leur CV, si elles étaient "mariées, enceintes, ou avec des enfants". "C'est l'un des éléments clefs de votre recrutement".
Sous entendu, "si vous n'avez pas encore d'enfant, on s'attend à ce que vous en ayez, donc pas trop envie de vous engagez". Et "si vous en avez trop, on s'attend à ce que vous soyez moins disponibles donc idem", ou encore "si vous en avez déjà un, on s'attend à ce que vous en vouliez un deuxième, donc idem".
Et sinon, on pourrait aussi ajouter, sur le CV, la case : "Je souhaite rester vieille fille à tout jamais, ne vous inquiétez pas."