Oui, je sais, quand on parle d'étrangers ou d'immigration, on déclenche vite l'hystérie, il n'y a qu'à voir l'affaire Léonarda. Mais loin de toute polémique, j'ai en ce moment parmi mes patients un jeune homme originaire d'un pays des Balkans, gravement malade. Il est parfaitement intégré et travaille dans le secteur judiciaire. Il a subi une grosse opération, passé plusieurs semaines en réanimation et son pronostic vital est engagé à moyen terme (entre 6 mois et deux ans). Il est évidemment trop faible pour voyager et sa famille et lui auraient souhaité recevoir la visite de sa mère âgée de 70 ans, vivant dans son pays d'origine. Malgré de nombreux mails, appels et courriers, la famille du patient n'a pas réussi à obtenir un visa pour la dame.
Du coup, l'équipe médicale s'y est mise. Ça me paraissait être notre devoir de faire en sorte qu'une mère puisse embrasser son fils une dernière fois.
Après avoir eu au téléphone le consul et la vice-consule, envoyé tous les comptes-rendus officiels qu'ils réclamaient, une réponse en français fut adressée à la mère de notre patient (qui, évidemment ne lit ni ne parle le français). Elle a fini par trouver une nièce pour lui traduire : les documents transmis ne sont pas jugés fiables. Vous n'aurez pas de visa.
Révolté, nous avons re-sollicité le consulat par mail, en vain. Pas de réponse. Silence radio. Nous sommes réellement peinés pour notre patient et choqués d'avoir en face un mur administratif opaque qui ne prend la peine d'expliquer à personne ce refus de visa abrupt.