Avoir un frère / une sœur

Grand frère / petite sœur © Emma Defaud

Avant même la conception de ma fille, j’ai vécu une lente torture que je raconte ici, en me demandant s’il fallait vraiment que je m’impose une deuxième grossesse, un deuxième accouchement, et surtout un deuxième enfant.

Finalement on a plongé. On s’est dit que si on attendait trop, on n’aurait plus jamais le courage de se retaper les couches, les nuits courtes, les maladies, le boulet professionnel. On s’est aussi dit qu’on ne voulait pas que notre fils grandisse tout seul. Et on a croisé les doigts pour que j’accouche d’un modèle calme et facile à vivre. La grossesse a été un calvaire, l'accouchement un carnage, et la petite est encore plus satanique que son grand frère. Désormais, la seule idée d'attendre un troisième enfant me colle des boutons.

Mais quatre ans plus tard, je suis prête à vous le révéler : on peut parler de retour sur investissement. Pendant les vacances de la Toussaint, j’ai lu pendant plusieurs heures. Pas le soir, hein, en pleine journée, et sans mettre les enfants devant la télévision. Oui, je sais, c’est un peu fou, j’ai eu du mal à m’en remettre aussi. Mes enfants s’occupent tout seuls. Evidemment il faut parfois les séparer parce qu’ils veulent s’entretuer, mais la plupart du temps, ils s'adorent et inventent ensemble mille histoires.

Ce qui ne veut pas dire qu'ils sont cools. Ce sont toujours d'horribles personnages quand ils sont confrontés à leurs parents. Mais avoir un frère, une sœur, reste une expérience totalement géniale. Je me suis beaucoup plainte parce que mon grand frère m'obligeait à jouer les méchants aux Playmobil, mais les meilleurs souvenirs que j'ai petite fille, ce sont nos attaques de fort et de bateau pirate.

Puis il y a la part de cruauté. Mon frère m'a fait courir le 100 mètres le plus rapide de toute ma vie en me faisant croire, en pleine forêt, que j'étais poursuivie par un sanglier. A la maison, la cruauté est inversée. C'est la petite sœur qui fait pleurer le grand frère de rage quand elle le pousse à bout. Et c'est lui qui se plie à des jeux invraisemblables, pour le plaisir d'entendre rire la pépette.

Hue cheval © Emma Defaud