Mon stress de maman

Ils ont mené l'enquête auprès de 2000 mères et déteminé très exactement la minute à laquelle elles étaient le plus stressées. A 8h25. A 8h25, on est déjà en retard à l'école, les enfants râlent de se faire houspiller, avec un peu de chance la petite a fait caca juste avant de partir et on va devoir feindre l'étonnement au moment de la déposer chez la nounou, et en plus on n'a pas eu le temps de se maquiller entièrement et on ne sait vraiment pas quand on pourra finir l'oeil droit. Bref, la gueule asymétrique et laissant un léger fumet sur notre passage, on slalome entre les crottes de chien avec la poussette.

Enfin, c'est ce qu'ils disent dans l'étude britannique. Une étude judicieusement commandée par une marque de pneu qui souligne les risques décuplés de collision.

Moi, je voudrais plutôt parler des cinq minutes avant et du quart d'heure après. Les cinq minutes avant, c'est quand je tache d'enfiler sa combi à la petite qui hurle pendant que le grand enlève son blouson, le jette par terre et court se cacher sous le bureau, c'est quand je transpire dans mon manteau pour choper le grand pendant que j'attache la petite dans la poussette tout en me demandant si j'ai pris mon portable-mes-clés-le bip-ma carte de métro, c'est quand arrivée au rez-de-chaussée, je me rends compte que j'ai oublié le doudou au 6e... C'est là que je stresse parce que j'ai l'impression qu'on n'arrivera jamais à partir. Une fois dans la rue, il me reste toujours la possibilité de courir et si j'écrase une déjection canine, je pourrais toujours régler ça sur le paillasson de l'école maternelle. Je plaisante. Enfin, le cas de figure ne s'est pas encore présenté.

Mais vers 8h45, quand je redescends de chez la nounou et m'envole vers les aventures professionnelles de la journée, loin des régurgitations et des privations de dessins animés, je crois que c'est mon plus grand moment de légèreté. Il est peut-être encore plus savoureux que l'instant où les mômes sont enfin couchés et où je peux me repaître d'Internet.