Petit lexique à l'usage des sportifs de salon

Souvenez-vous ! Michel Drey et Jean-Paul Loth qui commentaient de leurs voix douces et rassurantes les matchs de Roland Garros en disant "un Lendl là qui... semble hésiter"," Au lieu de dire simplement : "Lendl semble hésiter". "Un Bœtsch là qui…  est dans une mauvaise passe", un "Noah là qui est blessé, "un Mac Enroe énervé." Toute la France connaît les "Tout à fait Thierry" de Jean-Michel Larqué en réponse aux remarques de Thierry Roland. Vous êtes peut-être comme moi addict au sport à la télé bière en main prêt à beugler ou applaudir. Perso, je pourrais passer ma vie à regarder du sport. Même du curling féminin.

Alors, après la finale de rugby, avant le Mondial de Foot et pendant Roland Garros, je vous propose un petit topo sur les mots du sport.

Sports

"Négocier un virage"

Cela vient de le F1. L'expression est calquée de l'anglais to negociate a curve : effectuer une manœuvre. Bien négocier un virage signifie que le pilote a réussi sa manœuvre et à prendre le virage à grande vitesse.

Depuis, on négocie dans tous les sports, que ce soit une fin de mi temps en hand-ball, un tie-break en tennis ou une étape du Tour de France.  Ce verbe est devenu synonyme d'appréhender, gérer, aborder, manœuvrer une phase de jeu délicate.

"Avant cela, la Squadra aura un dernier test à négocier face à Fluminense, au Brésil, le 8 juin prochain..."  (Italie, y’a pas de quoi rire, Sports24.fr, 4 juin 2014).

"Money time"

Money time vient du basket. Cette expression est utilisée lors des dernières minutes d'un match et que le score est serré. Chaque possession de balle est cruciale, chaque passe est décisive et la tension est à son comble. Les commentateurs hurlent. Les spectateurs agitent les bras. Temps morts, fautes volontaires,... les entraîneurs et joueurs sortent leur dernies jokers. C'est là où le temps a le plus de valeur. Time is money.

Depuis "money time" désigne un laps de temps où se joue un grand enjeu, basket,  autres sports et même en dehors du sport..

"Prendre le jeu à son compte "

Prendre le jeu à son compte, c'est savoir "dicter son jeu", imposer sa loi, ne pas laisser l'adversaire s'exprimer.

"Si les Paraguayens et leur jeu rude ont posé quelques difficultés à l'équipe de France, cette dernière a rapidement pris le jeu à son compte." (Football : la France freine contre le Paraguay, RFI,  1er juin 2014 )

 "S’il est en confiance et si vous le laissez prendre le jeu à son compte, il est presque impossible à battre." Mats Wilander (Murray peut-il faire chuter Nadal à Roland-Garros ?, LeFigaro.fr, Jean-Julien Ezvan, 05-06-2014)

Le verdict est tombé : Murray n'a donc pas réussi à prendre le jeu à son compte. Il était pourtant en confiance.

"Faire preuve de réalisme"

Quand une équipe "fait preuve de réalisme" c'est qu'elle a su transformer ses rares occasions en points. Elle n'a pas forcément bien joué, mais son efficacité aux moments clés lui a permis de l'emporter.

On l'emploie dans tous les sports.

"Impliqué, agressif dans les duels, l'attaquant d'Arsenal a fait preuve de réalisme." (Ces «doublures» qui valent de l'or, LaDepeche.fr, 28 mai 2014)"  Cela veut dire queue le joueur a su transformer les occasions de marquer en but."

"Impériale sur son engagement (16 points remportés sur 20 durant le dernier set), Mladenovic a fait preuve de réalisme pour convertir deux de ses quatre balles de break." (Roland-Garros 2014, Simples Dames: Mladenovic domine Li Na et se hisse au 2e tour (7-5, 3-6, 6-1), Eurosport.fr, 28 mai 2014)

"On lâche rien !"

Ne jamais rien lâcher, persévérer, même quand tout semble désespéré.. La popularité de cette expression vient des vestiaires des bleus lors de la Coupe du Monde 1998. Thuram invective ses coéquipiers les yeux dans les bleus.  A méditer.

"Nourrir des regrets"

Regretter amèrement, ruminer son erreur. Ce n'est que dans le sport qu'on passe son temps à "nourrir des regrets."

Un but inratable mais raté, un carton rouge sur un mauvais geste…  des erreurs déjà accablantes en soi. Mais double peine : le commentateur en rajoute et déclare que le fautif "pourra nourrir des regrets" car son geste va impacter le score et aussi le moral de l'équipe. L’entraîneur devra alors galvaniser ses troupes aux vestiaires à la mi-temps en les incitant à "produire du jeu" et "aller de l’avant".

Après le match, le bras de fer psychologique se prolonge à distance entre journalistes et entraîneurs. Les journalistes titreront : "Le Club peut nourrir des regrets sur l'ensemble du match."  Les entraîneurs répondront en conférence de presse qu’il s'agit de "prendre les matches les uns après les autres", de "tourner la page" et de "regarder droit devant soi."

"Sochaux peut nourrir des regrets." (Sports.fr, 18 mai 2014 ) "Battu par Evian-Thonon-Gaillard lors de la finale pour le maintien (0-3), Sochaux est relégué à l'issue de la dernière journée."

"Le Corse (Laurent Lokoli) pourra nourrir quelques regrets car il a eu plusieurs fois l'opportunité de remporter la rencontre." (Revivez la 4eme journée de Roland-Garros, Sport365.fr, 28 mai 2014)

Espérons qu'à la coupe du monde, on n'en nourrira pas trop.

 "Produire du jeu"

En football, une équipe qui ose des combinaisons, prend des initiatives, tente des gestes risqués "produit du jeu." Tout entraîneur fait face à un dilemme : assurer le spectacle au risque de perdre des points au score, ou assurer le match au risque de perdre des points d’audience.

On a longtemps opposé le réalisme italien bien organisé qui joue en contre et défend durement sans briller, mais gagne, au jeu espagnol à une touche de balle qui "produit du jeu" en permanence, mais perd. Aujourd’hui, les cartes sont mêlées. Les Espagnols gagnent et les Italiens produisent du jeu.

L'expression s'emploie dans tous les sports collectifs aujourd'hui.

Chacun a son idée du beau jeu nous dit en substance nous dit DD, le sélectionneur de l'EDF.

Acronymes du sport

Dans les commentaires les blogs, les tweets, les commentaires, pour faire court on abrège et on utilise des acronymes et des sigles.

Dans le foot, SDF pour stade France, EDF pour équipe de France, CDM pour Coupe du Monde, CM2014 pour la coupe du monde do Brasil et DD pour Didier Deschamps, (entraineur de l'EDF).

Dans le tennis, GC pour grand chelem.

Je n'en ai pas beaucoup, alors si vous en avez à me soumettre, je suis preneur !

Publié par Alexandre des Isnards / Catégories : Non classé