Travail du dimanche : la grande division

Un café dans le 18e arrondissement de Paris. La restauration, comme l'hôtellerie, est particulièrement concernée par le travail le dimanche, explique l'Insee dans son étude publiée mercredi 19 novembre 2014. (DANIEL THIERRY / PHOTONONSTOP / AFP)

Rappelons tout d'abord que de nombreux français travaillent déjà le dimanche "en 2010, 24% des personnes en emploi travaillaient au moins une heure le week-end, soit un chiffre resté stable sur 25 ans, comme le temps de travail moyen de ces personnes (6h30 par jour).". Et d'ailleurs, ajoutant le geste à la parole, ce texte est 100% garantie du dimanche. Ecriture et mise en ligne.

Le travail du dimanche est le type même de sujet qui ne dégage aucune unanimité d'avis, de pour ou de contre.
A droite ? En 2011, Nicolas Sarkozy avait assoupli la réglementation sur le travail du dimanche après un tout petit "oui" du parlement : 165 voix pour 159 contre. Droite libérale contre démocratie chrétienne en somme, pas d'unanimité.

Et à gauche ? Emmanuel Macron, le ministre des finances, va présenter mercredi sa nouvelle Loi Activité, avec à la clef de nouvelles dérégulations. Et on s'attend déjà à une bataille entre pragmatisme économique et protection des acquis sociaux. A cela, Anne Hidalgo, maire de Paris, a déjà prévu une fronde pour sauver Paris de ces nouvelles dispositions. Ah Paris sera toujours Paris !

Et les économistes ? Là-aussi, il y a ceux qui pensent mordicus que cela va créer de la croissance. Et d'autres qui pensent qu'il y a aura juste transfert, les ménages dépensant plus le dimanche mais moins les autres jours.

Et les Français ? Dans un sondage BVA pour la Dépêche du Midi, 62% des Français disent "oui" pour l'ouverture des magasins le dimanche mais, dans le même temps, 60% ne veulent pas travailler le dimanche. Un grand classique français ! Des prisons, oui, mais pas près de chez moi. Abolir les privilèges, oui pas les miens. Travailler le dimanche oui, pas surtout pas moi.)

Et en Europe ? Là où la France se retrouverait souvent seule contre tous et où l'Europe veut souvent prôner l'harmonisation (dans les domaines qui l'arrangent)... L'Europe est tout aussi hétérogène. En Espagne, seul Madrid travaille le dimanche (là où Paris demande exactement le contraire). En Allemagne, on est très rigide sur le sujet alors qu'en Italie, pourtant très catholique, liberté est laissée aux commerçants d'ouvrir ou non le dimanche. Comme en Angleterre, où comme le chante Morrissey, chaque jour est comme un dimanche (ce qui équivaut à dire que le dimanche est un jour comme les autres).

Et comme le dit le chanteur anglais, tous les jours sont gris. Un avis qui, vis à vis, de l'Angleterre sera plus largement partagé.